Le Cameroun continue d’être un cimetière pour des journalistes en 2023

Afriquinfos Editeur
3 Min de Lecture

Yaoundé (© 2023 Afriquinfos)- Une dégringolade de 20 places passant du 118ème au 138ème rang mondial sur 180 pays, dans le classement annuel de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières paru le 3 mai dernier. Voilà qui résume la situation des journalistes au Cameroun où un troisième professionnel des médias a été assassiné cette année.

La dernière victime en date est Anye Nde Nsoh, chef du bureau de l’hebdomadaire « The Advocate » pour les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest. Dimanche dernier, le journaliste se trouvait dans un bar du quartier de Ntarikon à Bamenda lorsque des assaillants non identifiés ont ouvert le feu sur lui. Il s’agit du troisième meurtre d’un professionnel de médias au Cameroun en 2023. Le révérend Père Jean-Jacques Ola Bébé, prêtre de l’église orthodoxe du Cameroun, journaliste, animateur radio, a été assassiné dans la nuit du 2 février 2023 aux environs de 22h, au quartier Emombo à Yaoundé, pas très loin de son domicile. A cela s’ajoute l’horrible assassinat de Martinez Zogo, Directeur de la Radio Amplitude FM en début d’année 2023!

Une situation préoccupante qui fait dire à Reporters sans Frontière dans son plus récent rapport que : ‘’Bien qu’il soit l’un des paysages médiatiques les plus riches d’Afrique, le Cameroun n’en est pas moins l’un des pays les plus dangereux d’Afrique pour les journalistes. Les professionnels de l’information y évoluent dans un environnement hostile et précaire’’.

L’ONG ajoute que ‘’le danger est permanent pour les journalistes camerounais, exposés aux attaques verbales et physiques, aux arrestations, aux procédures-bâillons et aux risques d’assassinat’’.

- Advertisement -

Après l’assassinat de Jean-Jacques Ola Bébé en février, l’ONU avait indiqué qu’elle était ‘’ profondément préoccupée par la sécurité des journalistes au Cameroun après l’assassinat d’un deuxième journaliste dans le pays en deux semaines’’.

Les Nations-Unies avaient demandé l’ouverture d’une enquête indépendante et instamment exhorté les autorités camerounaises à ‘’ prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement propice au travail des journalistes sans crainte de représailles, et pour faire respecter le droit à la liberté d’expression tel qu’il est garanti par le droit international relatif aux droits humains, et également énoncé dans la Constitution du Cameroun. Une presse libre, indépendante et diversifiée est essentielle pour que les citoyens soient informés et en mesure de demander des comptes aux institutions publiques’’.

Si dans le cadre de l’affaire Zogo, deux hauts responsables des services de renseignement, Léopold Maxime Eko Eko et Justin Danwé, ainsi que l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga sont actuellement incarcérés et poursuivis pour « complicité de torture », les journalistes camerounais n’ont toujours pas l’impression d’être protégés dans l’exercice de leur fonction et vivent dans la peur.

Boniface T.