Six Ambassades attaquées à Kinshasa ce 28 janvier au nom de la situation à Goma pour quel résultat?

Afriquinfos Editeur
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Des pneus sont incendiés durant une manifestation contre l'escalade du conflit dans l'Est de la RDC, le 28 janvier 2025 à Kinshasa.

Ambassades vandalisées, commerces pillés, pneus brûlés: une manifestation organisée mardi 28 janvier 2025 à Kinshasa pour dénoncer ‘l’inaction’ de la communauté internationale face au conflit qui fait rage dans l’est du pays, a dégénéré en scènes chaotiques.

Le sort de Goma, grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo, semblait scellé mercredi 29 janvier 2025: le M23 et l’Armée rwandaise en occupent désormais la quasi-totalité du centre et des faubourgs.

A pied ou à moto, des centaines de manifestants en colère, répondant à l’appel « ville morte » d’un collectif de jeunesse, se sont rendus dans le quartier huppé de la Gombe, dans le nord de la capitale, et ont pris pour cible les Ambassades du Rwanda, d’Ouganda, du Kenya, de France, de Belgique et des Etats-Unis. Ils accusent le Rwanda et l’Ouganda de soutenir activement le groupe armé du M23 qui, au terme d’une offensive éclair dans le Nord-Kivu, a pénétré dimanche 26 janvier 2025 dans la capitale provinciale Goma. Et en contrôlait mardi 28 janvier l’aéroport après de violents combats. Et les autres pays d’inaction diplomatique.

Un homme passe devant le mur d’enceinte de l’Ambassade de France incendié durant une attaque visant plusieurs Ambassades à Kinshasa, le 28 janvier 2025.

‘Trop c’est trop’, ‘on va tout détruire ici, aujourd’hui, nous allons en finir avec le Rwanda’, a lancé un manifestant, très applaudi, devant l’immeuble qui abrite l’Ambassade du Rwanda à Kinshasa. Une épaisse fumée s’échappe non loin d’un feu alimenté par des pneus. ‘Mort à Kagame’, ‘Kagame assassin’, lance-t-on. Le mur d’enceinte de l’Ambassade de France a également incendié. Sur celui-ci, on peut lire: ‘La trahison depuis longtemps… finissons maintenant’.

Les Ambassades de Belgique, des Etats-Unis et d’Ouganda ont aussi été prises pour cible ce 28 janvier 2025. Dans cette dernière, des manifestants se sont livrés à un pillage systématique, emportant le mobilier sur des motos et en taxi.

Des manifestants se rassemblent alors que de la fumée s’échappe des pneus en feu lors d’une manifestation contre l’escalade du conflit dans l’Est de la RDCongo, à Kinshasa, le 28 janvier 2025.

– Attaques « inadmissibles » –

Non loin de là, d’autres manifestants se sont introduits dans un supermarché, emportant lait, poulet, paquets de bonbons… Un jeune homme est blessé à la jambe et saigne abondamment. Les pillards sont trop occupés pour lui venir en aide. Dès la matinée, l’appel à manifester avait vidé les rues de la capitale Kinshasa de ses habituels embouteillages monstres. Plus tard, les rares véhicules circulant dans la Gombe le font avec une branche d’arbre en évidence, en signe d’adhésion au mouvement anti-Rwanda.

Le Gouvernement congolais a présenté ‘ses regrets suite aux actes de vandalisme commis par les manifestants et appelé le personnel diplomatique et étranger à la prudence et à la retenue’, selon une note aux missions diplomatiques du ministère congolais des Affaires étrangères. La France avait auparavant dénoncé des attaques « inadmissibles », le Kenya soulignant que la mise à sac d’une Ambassade constitue une grave violation du droit international. Les autorités congolaises ont aussi appelé les manifestants à l’apaisement.

‘Nous sommes en droit de manifester notre colère, mais faisons-le pacifiquement, ne nous attaquons pas aux infrastructures consulaires des pays qui sont accrédités en RDC’, a appuyé le Porte-parole du Gouvernement Patrick Muyaya à la télévision d’Etat, RTNC.

Un manifestant, portant un bandana avec le drapeau congolais sur la tête, regarde les décombres de véhicules incendiés et vandalisés lors d’une manifestation contre l’escalade du conflit dans l’Est de la RDCongo, à Kinshasa, le 28 janvier 2025.

© Afriquinfos & Agence France-Presse