Sila 2025: Christiane Taubira, la parole libre ouvre les bras à Abidjan

À 17h, Christiane Taubira participera à un café littéraire sur « L’héritage de Frantz Fanon » à Cocody. Animée par Serge Agnessan, la rencontre portera sur la littérature décoloniale, cette parole qui rend dignité.

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Elle arrive à Abidjan comme on revient dans une maison amie, portant haut la voix des peuples debout. Figure politique majeure, plume d’exception et conscience lucide, Christiane Taubira tend les bras au pays frère.


Venue de Guyane, elle traverse les océans avec la force d’un héritage assumé, indocile, profondément ancré. Cette femme de lettres et de luttes s’inscrit dans la grande lignée des résistances noires et caribéennes. Son séjour ivoirien sera ponctué d’échanges puissants sur Frantz Fanon, la mémoire, la justice et l’héritage.

Jeudi 8 mai – L’université FHB accueille une voix de feu

À 17h, Christiane Taubira participera à un café littéraire sur « L’héritage de Frantz Fanon » à Cocody.
Animée par Serge Agnessan, la rencontre portera sur la littérature décoloniale, cette parole qui rend dignité. Taubira, admiratrice de Fanon, explore avec acuité les fractures historiques et la reconstruction de l’homme colonisé. Fanon inspire ses combats, son écriture, sa colère contenue, sa volonté de panser par la parole incarnée. La parole devient alors un outil politique et poétique pour réparer, transmettre, et questionner nos héritages communs.

Vendredi 9 mai – Deux rendez-vous pour dire mémoire et engagement

À 18h, à l’Institut Français d’Abidjan, elle dialoguera avec Hélène Kaboré Timpoko et Jessica Balguy.
Ce débat intitulé « Mémoires de l’esclavage, regards croisés »explorera la pluralité des voix postcoloniales.
Archéologie, fiction, droit, histoire, roman : les regards se croisent et s’affrontent pour mieux éclairer l’avenir. Dans une époque marquée par l’amnésie organisée, Taubira défend la mémoire comme levier de puissance collective.

Le roman comme territoire libre : Gran Balan

Christiane Taubira a publié Gran Balan, son premier roman, prolongement littéraire d’un combat politique et poétique. Elle y évoque la Guyane, le féminisme, la colonisation, la transmission, dans une langue dense et habitée. Elle déclare : « Ce roman n’est pas un cache-nez. C’est une manière plus délicate de dire les mêmes choses. » L’écriture romanesque lui permet de déplacer les situations, de faire entendre des voix multiples, entre réel et mythe.

Née en 1952 à Cayenne, Christiane Taubira est issue d’un milieu modeste, élevée par une mère seule et courageuse. Députée de Guyane, députée européenne, puis ministre de la Justice sous la présidence Hollande. Elle est l’autrice de la loi reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité, adoptée en 2001. Elle a également porté le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe, en 2013.
Indépendante et fidèle à ses valeurs, elle démissionne en 2016, refusant le projet de déchéance de nationalité.

Une parole vivante pour l’avenir

Aujourd’hui enseignante militante infatigable pour la forêt amazonienne.
À Abidjan, elle viendra dire que l’Afrique, les Caraïbes, la Guyane sont des cœurs battants d’un même corps-monde. Sa voix, toujours libre, continue d’éveiller les consciences, de convoquer la beauté, le droit, et la mémoire. Dans les amphithéâtres, les librairies, les rues ou les livres, Christiane Taubira reste une femme debout, nécessaire.

Article publié en collaboration avec notre partenaire POUVOIRS MAGAZINE