Qatar (© 2024 Afriquinfos)- Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a rencontré son opposant Karim Wade, ce samedi 7 décembre 2024, à Doha, au Qatar, en marge de la 22e édition du Forum de Doha. Les deux hommes se sont lors de leur rencontre donné une poignée de mains qui fait couler assez d’encre et de salive. Cependant, aucune des deux parties ne souhaite, à ce stade, confirmer qui en a été à l’initiative.
Sur le réseau social X, le chef de l’Etat sénégalais s’est toutefois rapidement félicité d’avoir eu avec le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade « des échanges constructifs sur la situation politique, économique et sociale » de leur pays.
La présidence sénégalaise a par ailleurs précisé que Bassirou Diomaye Faye a rencontré Karim Wade en tant qu’ancien ministre, non en sa qualité de secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais (PDS).
La réunion était donc plus pragmatique que politique, ce qui laisse entendre que la révision du procès de Karim Wade n’a pas été à l’ordre du jour. Si l’opposant a été gracié de sa condamnation pour enrichissement illicite en 2015, il doit toujours payer une amende de 138 milliards de francs CFA.
Selon des sources proches de l’exécutif, les discussions entre les deux hommes ont essentiellement porté sur des dossiers économiques, et pour cause : Karim Wade est effectivement considéré comme « une personnalité incontournable du monde des affaires » dans la région du Golfe où il s’est installé depuis huit ans maintenant. Son nom est par exemple régulièrement cité dans la gestion du Fonds stratégique d’investissements qatari pour l’Afrique, bien qu’il n’y occupe aucune fonction officielle.
De son côté, l’entourage de Karim Wade confie que celui-ci entretient de très bonnes relations avec le président Diomaye Faye en dépit des quelques différends politiques qui les opposent. Si le premier avait soutenu le second lors de l’élection présidentielle de mars dernier, il lui avait par exemple retiré son soutien pour les législatives du 17 novembre. Un revirement dans lequel la présidence sénégalaise dit toutefois ne voir aucun problème : pour elle, le PDS n’a fait que jouer ici son rôle d’opposition. Et de préciser que Karim Wade est libre de rentrer au Sénégal quand bon lui semble.
Une rencontre pas au goût de tous
La rencontre largement commentée sur le réseau social X (anciennement Twitter), a suscité des réactions partagées entre soutien et indignation. Alors que certains saluent une démarche d’ouverture, d’autres critiquent vivement l’opportunité et la pertinence de cet échange.
Pour de nombreux internautes, cette réunion est perçue comme une décision controversée, voire maladroite. Moïsa, un internaute, s’est exprimé avec fermeté : « Prési, avec tout le respect que nous vous devons, cette rencontre est inopportune. Quelqu’un qui fut ministre et ne connaissait même pas le prix du kilo de riz ne peut rien vous apporter de positif. », rapporte Senenews.
Dans le même registre, Fatimatou Ba a dénoncé cette initiative en rappelant le passé judiciaire de Karim Wade : « Bonjour, M. le président, mais vous n’avez pas à recevoir quelqu’un qui est condamné pour avoir pris les deniers publics du Sénégal. »
Certains voient également cette rencontre comme une erreur stratégique. MD Opposant 221 n’a pas mâché ses mots : « Vous venez de commettre une catastrophe, M. le président. »
Cependant, d’autres voix sur X ont adopté un ton plus compréhensif, défendant l’initiative de Bassirou Diomaye Faye. Mamadou Lamine a rappelé le rôle présidentiel inclusif : « Après tout, il est le président de tous les Sénégalais. À ce titre, il doit écouter tout le monde. Cela ne change rien à sa vision politique ou à ses convictions. Au contraire, c’est tout à son honneur. »
Sagar, pour sa part, s’est montré enthousiaste, saluant le leadership du président : « LEADERSHIP en marche… Fière de mon président. Mobilisation des partenariats, de l’expertise sénégalaise où qu’elle se trouve. Que SWT vous couvre de sa félicité. Un Sénégal 2050 effectivement réalisé ! »
De son côté, Alpha Diack a minimisé l’importance des personnalités rencontrées, insistant sur le projet global : « Nous avons entière confiance dans la réussite du projet. Comprenez encore une fois que le projet n’est pas une affaire d’hommes. Bravo, Son Excellence. Les noms nous importent peu. »
Afriquinfos