Paris (© 2024 Afriquinfos)- Les 38ème Rencontres internationales pour la paix ont eu lieu pour la première fois à Paris du 22 au 24 septembre 2024. Axées autour des thèmes : “Imaginer la paix” et “Pour faire la paix, il faut parler avec ceux qui font la guerre”, les rencontres se tenaient alors que l’horizon est particulièrement sombre avec les conflits en Afrique, les violences dans le Sahel ainsi que l’agression russe en Ukraine qui s’éternise et la menace d’Israël d’embraser le Liban après avoir détruit Gaza.
Près de 4 000 personnes ont pris part à la Rencontre. Au total 21 forums ont été organisés sur des thématiques variées, comme l’Afrique, les migrations, la démocratie. Les échanges ont portés sur la recherche d’un humanisme pour l’avenir, la construction d’une politique d’accueil des migrations, la solidarité avec les pauvres qui construit la paix, la démocratie à l’épreuve ; un regard approfondi sur la Méditerranée et l’Afrique.
Dans une lettre adressée aux participants à la Rencontre, le Pape François a insisté sur le rôle des croyants de toutes les religions dans la promotion de la paix. Pour lui, ‘’Dieu a remis entre les mains de tous les croyants «son rêve pour le monde à savoir: la fraternité entre tous les peuples’’.
Dans sa lettre, le Saint-Père a d’abord remercié la communauté Sant’Egidio pour son action en faveur de la paix, depuis 1986. Listant les grands bouleversements qui ont frappé l’humanité comme ‘’les incroyables défis du changement climatique, de l’avènement des technologies, émergentes et convergentes, et des pandémies’’. Le Pape François a estimé que le monde est au cœur d’un “changement d’époque dont nous ne connaissons pas encore les répercussions’’.
Mais, face à ces défis, le Saint-Père a salué l’intuition de saint Jean-Paul II de mettre ensemble les religions pour promouvoir la paix. «L’Esprit d’Assise est une bénédiction pour le monde, pour ce monde qui est encore déchiré par trop de guerres, par trop de violence», a poursuivi le Pape François, insistant sur la nécessité du ‘’dialogue et de l’amitié entre les peuples’’.
Des assises pour « imaginer la paix. »
150 leaders religieux, politiques et de la société civile ont pris part aux assises pour « imaginer la paix. » Parmi eux, le Président de la République française. Emmanuel Macron a souligné l’importance de préserver le dialogue entre les communautés religieuses dans un contexte de multiplication des conflits.
Notre ordre international est aujourd’hui ‘’incomplet et injuste’’. Il a appelé à ‘’bâtir un nouvel ordre international’’ car ‘’notre ordre, aujourd’hui, est incomplet et injuste’’ parce que ‘’nombre de pays les plus peuplés n’existaient pas quand les sièges ont été distribués’’.
Il faut ‘’un ordre où tel ou tel ne peut pas bloquer les autres et où les pays sont dignement représentés, et donc le faire avec des instances beaucoup plus justes, qu’il s’agisse des Nations unies, de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international’’. ‘’J’y reviendrai cette semaine à l’ONU’’, a indiqué le président français, qui prend part à l’Assemblée générale des Nations unies.
Macron a en outre plaide pour ‘’la reconnaissance du droit à vivre en paix de chacun’’. ‘’La paix n’est possible que dans la coexistence’’ et ‘’il y aura une place, une terre, un État, une coexistence, la reconnaissance de l’existence de chacun, la reconnaissance du droit à vivre en paix de chacun’’, a-t-il encore déclaré, relevant que ‘’pour ce qui se joue aujourd’hui au Proche-Orient, c’est ça la clé’’.
Valérie Régnier, responsable de la communauté Sant’Egidio en France, a exprimé sa volonté de rêver la paix : « Cette quête de dialogue peut paraître naïve face aux 59 conflits en cours. Il n’y a jamais eu autant de guerres depuis 1945. Il faut alors préparer la paix, la rêver et l’imaginer. Il s’agit de résister à l’esprit du temps qui nous pousse au conformisme et à la résignation.«
Avant ce discours, le grand rabbin Haïm Korsia avait lancé un appel au chef de l’État : ‘’Il importe que vous soyez à nos côtés, tous les religieux, et tous ceux qui espèrent en l’humain, pour affirmer que la bataille n’est pas vaine, que l’antisémitisme et toutes les haines ne sont pas une fatalité’’.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz s’est lui dit ‘’hanté par la folie inhumaine qui ravage Gaza’’. ‘’Je prie pour que ce cauchemar se dissipe et que la région trouve enfin la voie d’une paix juste et définitive’’, a-t-il dit dans une déclaration lue par un porte-parole.
‘’Si nous sommes capables de réunir toutes les nations autour de l’idéal de l’olympisme, de reconstruire des cathédrales, imaginer la paix doit être à notre portée’’, a affirmé l’archevêque de Paris Laurent Ulrich, lors de cette session inaugurale qui réunissait aussi la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, des responsables de Sant’Egidio et une réfugiée afghane.
La rencontre a pris fin avec l’allumage de candélabres pour la paix et une minute de silence en mémoire des victimes de la guerre.
La Rencontre pour la paix née en 1986, lorsque le pape Jean-Paul II a rassemblé pour la première fois les représentants des grandes religions à Assise afin de prier pour la paix.
V.A.