Addis-Abeba (© Afriquinfos 2018)- Le 30ème sommet de l’UA n’a pas été épargné d’une nouvelle discorde concernant le Sahara occidental. Le rapport paix et sécurité rédigé par l’Algérien Smaïl Chergui et soumis aux chefs d’État dimanche 28 janvier comporterait des propos qui mettent en cause le langage de l’ONU, selon la diplomatie marocaine.
Suite à ce constat, Rabat a demandé l’amendement de certains passages du rapport «Paix et sécurité», présenté dimanche par le Commissaire paix et sécurité. Les autorités du royaume indiquent que le document est en contradiction avec la position de l’ONU sur le statut du Sahara occidental.
Il s’agit notamment des paragraphes 117 et 118 dudit rapport qui ont été rejetés par les Marocains. Ces passages du document demandent aux chefs d’État africains d’exhorter le Maroc, pays membre de l’UA, d’accepter le retour de la mission de l’UA pour le Sahara occidental à Laâyoune. Cette mission, dirigée par le Mozambicain Joakim Albert Chissani, n’est pas reconnue par Rabat.
Les mêmes passages demandent l’instauration d’une mission de surveillance des droits de l’homme dans le territoire du Sahara, une question hautement sensible pour le Maroc, qui avait réussi à faire échouer un projet similaire à l’ONU en 2013.
Entre autre un passage qui demande à la fondation suisse Crans Montana de ne plus organiser son forum annuel à Dakhla. «Cette conférence ne doit pas se tenir dans une ville située dans le Sahara occidental», lit-on dans ce document. Par conséquent, les États membres, la société civile et tous les acteurs africains «sont appelés à boycotter cet événement».
Le rapport du Commissaire Smaïl Chergui n’est pas soumis au vote. Et les chefs d’État ne sont pas obligés de l’appliquer.
Selon les statuts de l’UA, il fait l’objet d’une simple prise de note, accompagnée des commentaires des pays membres. Vingt pays, tous amis du Maroc, ont émis des commentaires reproduisant les mêmes réserves marocaines.
L’enjeu n’était donc pas énorme, mais depuis leur retour à l’UA en janvier 2017, les Marocains se font un devoir de traquer toutes les expressions qu’ils considèrent comme étant en contradiction avec le langage de l’ONU.
À partir de mars prochain, date à laquelle le Maroc prendra officiellement son siège au sein du Conseil paix et sécurité (CPS), il compte agir en amont pour faire barrage à toute expression qui lui est hostile dans les rapports qu’il élabore.
Innocente Nice