Cour suprême des USA: Ketanji Brown Jackson, première femme afro-américaine à devenir juge

Afriquinfos Editeur
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Washington (© 2022 Afriquinfos)- La juge progressiste Ketanji Brown Jackson est devenue ce jeudi la première magistrate noire à prêter serment à la Cour suprême, une entrée historique sans effet immédiat. Elle a été choisie par le président Joe Biden pour devenir la première femme noire à la Cour suprême des États-Unis. Elle occupe désormais ce poste de juge à vie, remplaçant ainsi le libéral Stephen Breyer qui vient de prendre sa retraite en cette fin juin.

Ketanji Brown Jackson avait été choisie fin février par le président démocrate Joe Biden, qui avait promis pendant sa campagne de nommer, pour la première fois, une femme noire à la plus haute institution judiciaire du pays, vieille de 233 ans.

« Sa prestation de serment historique aujourd’hui représente un immense pas en avant pour notre pays, pour toutes les jeunes filles noires qui se voient maintenant représentées au sein de notre plus haute Cour« , a applaudi le président américain dans un communiqué.

Le dirigeant américain n’a eu cesse de vanter les « qualifications extraordinaires » de cette diplômée d’Harvard, qui possède une expérience dans le privé et le public, a été avocate et juge fédérale. « KBJ », comme elle est surnommée, avait été confirmée par le Sénat début avril.

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Sur les 115 juges ayant jusqu’ici siégé à la Cour suprême, il n’y a eu que cinq femmes, quatre blanches et une hispanique, et deux hommes noirs, dont l’un, Clarence Thomas, a été nommé par George Bush père et y siège toujours.

Au cours de la dernière semaine, la Cour suprême a annulé le droit des Américaines à avorter, consacré le droit de porter une arme en public ou encore élargi la place de la religion dans la sphère publique. Et, deux heures avant que la juge de 51 ans ne prête serment dans le bâtiment de marbre blanc, ses juges conservateurs ont limité les moyens fédéraux pour lutter contre le réchauffement climatique.

Au-delà d’un symbole

Ketanji Brown Jackson est loin de n’être qu’un symbole. Cette juriste, mariée à un chirurgien et mère de deux enfants, est sortie de la prestigieuse faculté de droit de Harvard avec les honneurs.

Elle a travaillé comme assistante pour Stephen Breyer, le juge de la Cour suprême qu’elle remplace, et siégeait jusqu’à présent à la Cour d’appel fédérale du district de Columbia, « qui est considérée comme la deuxième plus prestigieuse juridiction du pays après la Cour suprême à cause de l’importance des affaires qui y sont traitées« , rappelle le site Scotusblog, consacré à l’actualité de la Cour suprême. « Scotus » signifiant « Supreme Court of the United States ».

Telles sont en tout cas ses lettres de noblesse juridique. Mais Ketanji Brown Jackson a aussi emprunté des chemins professionnels qu’aucun autre de ses futurs collègues à la Cour suprême n’a suivi. Elle a officié pendant deux ans comme avocate commise d’office et a aussi été juge d’application des peines.

« La plupart des juristes qui envisagent une carrière dans les plus hautes sphères de la magistrature préfèrent passer par le bureau du procureur car ils savent que les politiciens ont tendance à soutenir plutôt ceux qui se trouvent du côté des forces de l’ordre plutôt que les avocats de la défense, qui se retrouvent souvent à plaider la cause de criminels« , explique le site américain d’information Vox. Et « elle n’a pas eu peur d’aider des clients que les autres évitaient à tout prix« , note le New York Times.

Pour plusieurs commentateurs, c’est ce choix de carrière particulier plutôt que sa couleur de peau qui fait tout l’intérêt de la nomination de Ketanji Brown Jackson. « Elle aura plus d’expérience de la réalité de l’application des peines pénales que tous les autres juges de la Cour suprême réunis« , résume le Los Angeles Times.

Ce sont ces quelques années passées à défendre des criminels ou à décider de la sanction à appliquer que les Républicains ont épluchées pour tenter de déstabiliser Ketanji Brown Jackson durant les auditions en mars dernier. ll lui a ainsi été reproché d’avoir défendu, il y a seize ans, un détenu de Guantanamo. Ketanji Brown Jackson a été accusée d’avoir pris le parti de « combattants ennemis » des États-Unis, ce à quoi elle a répondu que l’affaire lui avait été attribuée, et que n’importe qui avait le droit à la meilleure défense possible.

Plusieurs sénateurs républicains ont suggéré qu’elle avait de l’indulgence pour les pédophiles car elle avait « souvent infligé des peines moins lourdes » que le maximum prévu par la loi pour des individus possédant des images pédopornographiques.

Vignikpo Akpéné