CPI: Les priorités africaines de Karim Khan durant son mandat 

Afriquinfos Editeur
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La Haye  (© 2021 Afriquinfos) – C’est ce mercredi 16 juin 2021 que le Britannique Karim Khan prend  fonction à la tête de la Cour pénale internationale (CPI). Spécialiste reconnu de la justice internationale, Karim Khan a de nombreux défis à relever en Afrique, surtout après certains échecs essuyés par celle qui l’a précédé, Fatou Bensouda.

Celui qui devient ainsi le troisième Procureur de la Cour va devoir faire  face aux ‘tares’ laissées par Mme Bensouda. La procureure gambienne a en effet terminé son mandat sans avoir pu arrêter l’ancien chef d’État soudanais Omar el-Béchir. L’organisation du bureau du procureur (300 personnes) est à revoir, selon un Rapport d’audit publié en fin d’année 2020.

Selon Adama Dieng, l’ex-conseiller spécial de l’ONU pour la prévention des génocides, Karim Khan est à même de réaliser cette réforme : «Il faudra faire en sorte que le bureau du procureur soit beaucoup plus efficace. Il y a beaucoup d’imperfections qui ont été relevées tant au niveau des enquêtes qu’au niveau des poursuites, malgré les efforts louables de la procureure sortante. Mais c’est une machine très lourde, la Cour pénale internationale. À cet égard, je veux tout simplement espérer que Karim Khan fera un bon usage de ce rapport, mais surtout qu’il viendra lui-même avec son expérience personnelle».

La CPI  reste par ailleurs très occupée par les affaires africaines, notamment, la Centrafrique et le procès en cours de deux anti-balaka (Yekatom et Ngaïssona) et d’un ex-Seleka, qui vient d’être transféré à La Haye. La cour doit en outre confirmer les charges contre un suspect soudanais, Abd El Rahmane. En Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo est toujours visée par un mandat d’arrêt et les enquêtes sont encore en cours sur les autres parties au conflit.

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En Libye, plusieurs suspects dans l’enquête référée par le Conseil de sécurité sur les crimes de Kadhafi sont décédés. Au Mali, l’affaire Al Hassan devrait aboutir avant la fin du mandat de Karim Khan, prévue en 2030.

Un avocat avec un grand parcours

  Karim Khan a eu à défendre des auteurs présumés de crimes contre l’humanité devant cette même Cour pénale internationale. Le Britannique de 51 ans a travaillé au bureau du procureur de l’ex-Tribunal pour la Yougoslavie et le Rwanda, mais il a aussi été l’avocat de l’ancien Président libérien Charles Taylor devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone et devant la CPI, de deux vice-présidents accusés de crimes contre l’humanité : le Kényan William Ruto et le Congolais Jean-Pierre Bemba, tous deux sortis libres de la Cour. D’où la polémique qui a entouré l’élection de Karim Khan.

Karim Khan devra d’ailleurs repenser le système de collecte des preuves. Face à un budget insuffisant et au manque de coopération de certains États, il pourrait mettre à profit les techniques innovantes qu’il a testées pour enquêter sur le groupe État islamique en Irak, selon Delphine Carlens, responsable du Bureau justice internationale à la FIDH : «Ce sont des enquêtes qui sont très compliquées, mais qui peuvent être réalisées d’autres manières. Karim khan pourra apporter au bureau du procureur son expérience acquise à l’UNITAD».

Élu par 72 États sur les 123 pays membres de la CPI, Karim Khan a engrangé l’intégralité des votes des 33 pays africains signataires du traité de Rome.

V. Akpene