Cette révision du bureau central des statistiques mauricien rejoint celle de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) qui, au mois de janvier, étaient revenus sur leurs estimations initiales. Alors que le FMI ramenait ses prévisions à 3,7% contre 4,1 lors de la publication de son Africa Outlook en septembre 2011, la BM allait encore plus loin en baissant la barre à 3,3 % contre les mêmes 4,1% en 2011.
Une tendance que suivait la Bourse de Maurice qui a mal démarré l'année 2012 avec un repli d'environ 4,4% au premier trimestre. L'indice général du marché, le SEMDEX, qui avait commencé 2012 avec 1 888,38 points, s'est retrouvé à 1 806,05 points le 30 mars dernier. La capitalisation du marché officiel s'établissait à 5,49 milliards US$ à la fin de la dernière séance du mois de mars, reculant d'environ 3,9 % par rapport à son niveau de début d'année. Alors que le dernier rapport de la Banque de Maurice (BoM) montre qu'un montant total de 11,83 millions USD ont été désinvestis à la Bourse de Maurice en 2011 par les investisseurs étrangers.
Les mauvaises nouvelles pour l'économie mauricienne ne s'arrêtent pas là puisque Statistics Mauritius, dans son dernier bulletin publié jeudi 29 mars, indiquait que le taux de chômage était en légère hausse à Maurice en 2011 à 7,9% contre 7,8% l'année précédente et tablait sur une nouvelle hausse qui franchirait la barre des 8% cette année.
De son côté, la Banque de Maurice (BoM) montrait à la mi-mars que le déficit des comptes courants pour Maurice s'est aggravé en 2010 pour atteindre un montant de 1,11 milliard US$, soit 10,3 % du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays aux prix du marché par rapport à 8,2 % en 2010.
La BoM attribue principalement cette aggravation du déficit des comptes courants au déséquilibre profond au niveau de la balance commerciale. Ainsi, le déficit concernant le commerce des marchandises s'est creusé alors qu'au niveau des transferts le surplus dégagé a été relativement faible.
Le déficit du commerce extérieur de l'île Maurice se situe autour de 2,43 milliards US$ pour l'année 2011, selon le bulletin mensuel de Statistics Mauritius publié vendredi 24 février. Ce chiffre indique que le déficit a continué de croître depuis 2009 (1,89 milliard US$) et 2010 (2,19 milliards US$ ).
Notons enfin que la dette intérieure du gouvernement mauricien à continuer à se creuser de 83,3 millions US$ en décembre 2011 pour arriver au chiffre de 4,573 milliards US$ pour l'année écoulée, selon le dernier relevé publié par la Banque de Maurice. Cette hausse de la dette intérieure du gouvernement central mauricienne avait été notée depuis le mois de septembre 2011 et s'est accéléré au cours du dernier trimestre de l'année dernière.
Devant cet avalanche de mauvaises nouvelles, il n'est pas étonnant de constater que le climat des affaires connaît de nouveau une détérioration comme le démontre l'enquête trimestrielle de la Chambre de commerce et d'industrie de Maurice (CCIM) publiée lundi 2 avril. L'indicateur de confiance qui avait enregistré une augmentation de 1,1 point au cours du quatrième trimestre 2011 après une chute de 12 point au trimestre précédent a de nouveau baissé de 1,3 point au premier trimestre 2012 pour s'établir à 98, 8 points.
Avec la crise politique qui s'est aggravé la semaine dernière suite à la démission du président de la République, il y a peu de chances que la confiance revienne de sitôt. D'autant plus que cette démission laisse entrevoir la possibilité d'élections générales anticipées ou à tout le moins une rentrée parlementaire très mouvementée.
Devant cette perspective noire, il est fort peu probable que l'agence de notation internationale Moody's Investors Service maintienne son intention de revoir à la hausse les notations de l'économie de Maurice, soit un Baa2 foreign, comme annoncé récemment rapporte la presse mauricienne dominicale.
La décision de Moody's se basait sur trois facteurs, à savoir la résilience dont a fait preuve l'économie au cours de ces dernières années face à des chocs externes aussi bien le taux de croissance de ces dernières années, le flux de Investissements directs étrangers (IDE) dans des secteurs à forte valeur ajoutée et la diversification de la base économique et les progrès réalisés par le gouvernement par rapport à la gestion de la dette publique et une révision du profil de la maturité de cette même dette.
Or, aujourd'hui tous ces facteurs ont été mis à mal. A moins d' un ressaisissement du gouvernement lors de la présentation du nouveau programme prévu pour le 16 avril prochain, on voit très difficile un renversement de la vapeur.