Kinshasa (© 2024 Afriquinfos)- En octobre dernier, le président congolais a annoncé vouloir un texte « adapté aux réalités » de la RDC et annoncé la mise en place d’une commission pour élaborer cette nouvelle Constitution. Une idée qui a conduit des acteurs politiques et ceux de la Société Civile congolaise à lancer ce samedi 9 novembre la coalition le ‘’Sursaut National’’.
« Notre constitution n’est pas bonne« , a dit Félix Tshiskedi, le président congolais, en visite à Kinsangani le mercredi 23 octobre. « Elle a été élaborée à l’étranger et par des étrangers« , a poursuivi le président en évoquant le texte adopté en 2006 et révisé en 2011, lors d’un discours dans la ville chef-lieu de la province de la Tshopo.
Certains craignent que Félix Tshiskedi veuille changer la Constiution pour s’accrocher au pouvoir et se représenter lors de la présidentielle 2028.
Il confirme ainsi sa volonté plusieurs fois affirmée ces derniers mois de changer le texte en vigueur, qu’il juge « dépassé ». Le président souhaite une « Constitution qui devrait être rédigée sur base de nos propres réalités« . Pour ce faire il a annoncé ce mercredi la mise en place, en 2025, sans donner de date plus précise, d’une commission nationale chargée d’élaborer le texte. « Il n’y a pas d’urgence et ce n’est pas une affaire qui doit nous diviser« , a-t-il insisté. Avant de « mettre en garde » ceux qu’il appelle « les ennemis du Congo, (…) ceux qui s’appellent des soi-disant opposants ».
Des opposants qui ont, par le passé, déjà exprimé leurs inquiétudes, voire leur opposition à tout changement. Certains, dont l’opposition qui avait déjà contesté le résultat de l’élection de décembre l’an dernier et la réélection du président, craignent que Félix Tshisekedi ne cherche qu’à s’accrocher au pouvoir. L’actuel texte limite à deux le nombre de mandat du président.
« Le sursaut national » en guerre contre un probable changement constitutionnel
C’est donc dans le but de contrer M. Tshisékedi dans sa démarche, qu’une coalition vient de voir le jour en RDC. Il s’agit de « sursaut national » : Initiative d’une quinzaine de personnalités issues du monde politique et de la société civile congolaise, cette coalition se donne pour mission de protéger la Constitution de 2006.
Lancé ce samedi 9 novembre, l’initiative vise à empêcher le président Félix Tshisekedi de la modifier, peut-être dans le but d’effectuer un troisième mandat à la tête de la RDC. Pour eux, toute révision de la loi fondamentale actuelle serait considérée comme un acte de « haute trahison » envers la nation. «». D’après sursaut national, d’un changement de Constitution de la part de si Félix Tshisekedi constituerait « une trahison de la mémoire de nos martyrs », ont-ils déclaré.
« Que ce soit demain ou n’importe quand, si quiconque se présente avec un tel projet, nous nous y opposerons sans hésitation de la même façon, explique pour sa part l’ancien candidat à la présidentielle, Delly Sesanga, qui figure parmi les signataires de l’appel à la mobilisation. Plus jamais dans ce pays un président ne doit rester en fonction au-delà de deux mandats : nous, Congolais, disons non. Trop, c’est trop ! » reprend celui-ci.
Pour les démocrates et les patriotes congolais, la Constitution représente le dernier rempart que Félix Tshisekedi veut abattre.
Du côté de la société civile, le mouvement citoyen Lucha et l’Asadho, l’Association africaine de défense des droits de l’homme, ont eux aussi signé le texte et exhortent toutes les couches de la société congolaise à s’unir pour défendre la Constitution. « Il faut que nous, vous, et tous ceux qui ne sont pas dans cette salle, nous unissions nos forces. Cette affaire ne relève pas des seuls politiciens, ni des seuls acteurs de la société civile. Elle concerne tous les Congolais », affirme zinsi le président de l’Asadho, Jean-Claude Katende. A peine sa mise sur pied annoncée, la coalition pour le « sursaut national » a fixé son premier rendez-vous au 16 décembre prochain avec l’organisation d’un meeting en hommage au référendum constitutionnel de 2005.
Afriquinfos