Washington (©2024 Afriquinfos)- Paradoxalement à son prédécesseur Trump, l’actuel Président américain Joe-Biden, a durant son unique mandat, aspiré à faire prendre un autre virage à la politique des États-Unis avec l’Afrique. Celui qui sera sous peu l’ex-locataire de la Maison Blanche, a souvent appelé au « partenariat » avec l’Afrique, clé du « succès » pour le monde.
Un mois après son arrivée aux commandes en janvier 2020, le 46ème Président des Etats-Unis, Joseph Biden envoyait un message vidéo aux Présidents africains à la veille du 34e sommet de l’Union africaine (UA). Pour son premier discours auprès d’une instance internationale en tant que Président, Biden assurait à l’Afrique que les Etats-Unis sont ‘’un partenaire dans la solidarité, le soutien et le respect mutuel’’.
Joe Biden a en outre renoué avec le Sommet États-Unis-Afrique (une initiative instaurée par Barack Obama en 2014, mais qui sera avortée finalement par Trump). L’événement s’est tenu du 13 au 15 décembre 2022, à Washington la capitale américaine. Le président américain avait accueillis pour la circonstance les 49 dirigeants membres de l’Union africaine dans le cadre du deuxième sommet États-Unis-Afrique. C’est dans un contexte de lutte d’influence des puissances étrangères sur le continent aux multiples ressources naturelles que cet évènement avait, pour le président démocrate, un caractère stratégique essentiel.
Le sommet des dirigeants américains et africains s’est concentré sur une vision globale à long terme d’une relation forte et stratégique entre les États-Unis et l’Afrique, afin d’assurer la prospérité collective des peuples américain et africain. Une telle relation devrait être fondée sur un respect mutuel absolu et des valeurs partagées.
55 milliards de dollars sur trois ans
L’administration Biden avait pour l’occasion annoncé dégager 55 milliards de dollars pour l’Afrique sur trois ans dans des domaines aussi variés que le numérique, les infrastructures, la santé ou encore en matière de lutte contre le changement climatique.
Au cours de cette rencontre, les États-Unis ont annoncé plus de 15 milliards de dollars (14 milliards d’euros), de nouveaux partenariats commerciaux et d’investissement. Joe Biden a lui-même clôturé l’événement par plusieurs annonces, notamment de nouveaux prêts et subventions gouvernementales pour des projets africains et une coopération renforcée avec la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
« Nous ne pouvons pas résoudre les défis qui nous sont posés sans leadership de l’Afrique. Je n’essaie pas d’être gentil. C’est un fait« , avait affirmé Joe Biden.
« Ce partenariat n’est pas destiné à créer des obligations politiques, à créer de la dépendance, mais à stimuler des succès partagés et à créer de l’opportunité« , avait-t-il précisé, en soulignant que « la transition économique de l’Afrique dépendait de la bonne gouvernance, de populations en bonne santé et d’énergie abordable« .
En 2023, les États-Unis ont accueilli l’Union africaine en tant que membre permanent du G20, élargi les partenariats en matière de commerce et d’investissement, favorisé d’importants investissements dans la sécurité alimentaire et sanitaire, lancé une initiative de transformation numérique, forgé une nouvelle coopération en matière de sécurité et de bonne gouvernance et catalysé un engagement historique de la part de la diaspora.
Un plaidoyer pour le renouvellement de l’Agoa
Lors du forum sur la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa) à Washington les 23 et 24 juillet, le président Joe Biden a exhorté le Congrès à réautoriser et moderniser cette législation avant son expiration en 2025. Depuis plus de vingt ans, l’Agoa, fruit d’un consensus bipartite, constitue le socle des relations économiques entre les Etats-Unis et les pays africains.
L’Agoa a largement contribué à l’augmentation de la compétitivité des produits africains en Afrique subsaharienne, créant des dizaines de milliers d’emplois de qualité et favorisant les droits de l’homme. Aux Etats-Unis, elle a ouvert de nouvelles opportunités d’investissement et de marchés pour les entreprises américaines. De part et d’autre de l’Atlantique, cette loi a permis une croissance économique durable et la mise en place de chaînes d’approvisionnement résilientes.
‘’Comme je l’ai déjà dit, l’Amérique est totalement tournée vers l’Afrique. Cette semaine, et dans les semaines à venir, prouvons-le», a déclaré Joe Biden en marge dudit forum. «Ensemble, faisons en sorte que les générations futures d’Américains et d’Africains puissent relever les défis et saisir les opportunités des décennies à venir’’, a-t-il soutenu.
Un voyage sur le continent
A quelques semaines de la fin de son mandat, le président américain Joe Biden a choisi de visiter l’Afrique. Il s’agira de son premier voyage sur le continent depuis son entrée en fonction en janvier 2021. La première semaine de décembre, le président Biden se rendra à Luanda, en Angola, où il célébrera la transformation des relations entre les États-Unis et l’Angola, reconnaîtra le rôle de l’Angola en tant que partenaire stratégique et leader régional et discutera d’une collaboration accrue en matière de sécurité, de santé et de partenariats économiques, notamment le soutien du Partenariat du G7 pour l’investissement dans les infrastructures mondiales en faveur du corridor de Lobito, qui bénéficiera aux deux peuples.
De plus, les Etats-Unis se sont engagés à financer à hauteur de 555 millions de dollars, le “couloir de Lobito”, long de 1300 kilomètres. Il s’agit d’un chemin de fer destiné à relier la Zambie et la RDC au port angolais de Lobito.
Lancé en septembre 2023 sous l’égide des États-Unis et de leurs alliés européens, le corridor ferroviaire de Lobito vise à relier les riches mines du nord de la Zambie et du sud de la RDC au port angolais de Lobito, sur la côte atlantique. Après des mois de négociations avec ces trois pays, les États-Unis se tournent maintenant vers l’Afrique de l’Est dans l’espoir de prolonger la ligne.
Ce déplacement marquera la première visite de Joe Biden en Afrique sub-saharienne depuis son élection à la présidence en 2020, la première visite d’un président des États-Unis en Angola et la première visite présidentielle en Afrique d’un dirigeant américain, depuis celle de Barack Obama en 2015.
Il s’inscrit entre-autre dans le cadre des efforts déployés par l’administration pour renforcer les liens avec le continent, notamment pour contrer l’influence croissante de la Chine.
A peine terminait-t-il son premier mandat à la Maison Blanche que Joe Biden annonçait retirer sa candidature à quelques mois de l’élection présidentielle des Etats-Unis qui se tient ce 5 novembre 2024.
Vignikpo Akpéné