Que reprochent des activistes togolais à la sortie de MANSSAH de juin 2025 à Lomé?

Afriquinfos Editeur
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Une affiche du Groupe MANSSAH (DR, #Facebook Manssah)

Lomé (© 2025 Afriquinfos)- Bien que l’évènement ait été annoncé depuis plusieurs mois, et ce, avant qu’un nouveau mouvement de contestation du régime de Faure Gnassingbé ne naisse au Togo, la tenue de la Conférence MANSSAH du 26 au 28 juin 2025 n’est pas du goût des activistes. Ils reprochent à ses initiateurs notamment Alain Foka, ancien journaliste de RFI, d’être des soutiens du pouvoir de Lomé. Et que l’organisation de ces assises dans la capitale togolaise est une forme de légitimation.

Après une première salve les 5 et 6 juin derniers, où des milliers de jeunes togolais sont descendus dans la rue, pour exprimer leur ras-le-bol face la cherté de la vie (l’électricité a augmenté de 12,5 % en mai), des arrestations arbitraires et surtout la mainmise sur le pouvoir de la famille Gnassingbé qui dure depuis 55 ans, ils comptent remettre ça les 26, 27 et 28 juin prochains. Fortement soutenu via les réseaux sociaux par des activistes et des togolais de la diaspora, le mouvement entend bouter hors l’actuel Président du Conseil, Faure Gnassingbé qui incarne ce régime.

Sauf qu’à ces mêmes dates, le groupe MANSSAH entend organiser à Lomé, une conférence panafricaine pour « poser les bases d’une transformation profonde du continent » et œuvrer à la renaissance de l’Afrique. On aurait pu penser que ces objectifs s’aligneraient sur ceux des activistes togolais eux aussi en quête de changement, mais non ! L’initiative fait l’objet de vives critiques. Pour ne rien arranger, en clôture de cette conférence, le groupe MANSSAH invite la jeunesse togolaise à un concert géant, qui coïncide avec le 3ème jour de la manifestation.

Ceci, en tête d’affiche des artistes locaux, (Toofan, King Mensah, Santrinos) qui sont jugés trop proches du pouvoir ou silencieux sur les tribulations du peuple togolais. Pour les activistes, c’est la goutte d’eau de trop et cela confirme selon eux, la connivence entre le pouvoir de Lomé et le Groupe MANSSAH pour démobiliser les jeunes.

Déjà, en octobre 2023, le choix de Lomé pour être le quartier général du Groupe MANSSAH n’était pas vu d’un bon œil. Pour de nombreux observateurs, que des panafricanistes désireux d’une meilleure gouvernance en Afrique choisisse pour base, un pays où les rênes du pays sont tenues par une même famille depuis 1967, n’était pas très judicieux. De plus, MANSSAH et son premier responsable, Alain Foka seraient présumés impliqués dans les réformes constitutionnelles controversées qui ont conduit l’instauration d’un régime parlementaire au Togo.

Les réformes proposées par le gouvernement togolais, visant à modifier la constitution pour instaurer un régime parlementaire et limiter la présidence à un unique mandat de six ans, ressemble étrangement à un système politique dépeint dans l’un des manifestes du groupe MANSSAH.  Pour ces activistes certains, Alain Foka et MANSSAH font du panafricanisme un business, car pour eux les idéaux panafricanistes prônés sont en contradiction avec leurs actions au Togo.

Des voix ont appelé au boycott de la Conférence MANSSAH et du concert qui ne seraient que des distractions pour détourner la jeunesse togolaise de sa volonté de voir du changement à la tête du pays.   

Boniface T.