Berlin (© 2024 Afriquinfos)- Trois ans presque jour pour jour après son départ du pouvoir, Angela Merkel, chancelière allemande de 2005 à 2021, revient devant la scène avec ses Mémoires, sous le titre Freiheit (Liberté).
Dans cette autobiographie de 700 pages, celle qui a dirigé l’Allemagne, revient sur sa jeunesse, les grands événements qui ont marqué sa carrière mais aussi l’Afrique, l’Europe, de la réunification de l’Allemagne à la guerre en Ukraine, en passant par l’épidémie de la Covid-19.
Merkel avoue dans son ouvrage qu’il n’a pas été facile de convaincre les patrons de grandes entreprises allemandes de l’accompagner dans ses voyages sur le continent. La plupart d’entre eux voyaient peu d’opportunités sur les marchés africains. Dans « Liberté » publié ce mardi 26 novembre, dans une trentaine de pays, l’ex-chancelière explique entre-autre ses motivations d’alors, sa « vision de l’Europe et de la mondialisation » qui l’ont poussées à écrire ces mémoires.
Ces mémoires paraissent alors que les « années Merkel » font l’objet d’une relecture particulièrement sévère, en particulier depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022. L’ex-chancelière est en effet accusée tout à la fois de s’être montrée trop bienveillante envers Vladimir Poutine, d’avoir accru la dépendance de son pays au gaz russe et au marché chinois, et de s’être contentée de gérer la prospérité héritée des réformes de son prédécesseur, Gerhard Schröder, au risque de négliger les investissements dans les infrastructures, le numérique ou les énergies vertes.
Et justement dans son livre Merkel revient longuement sur sa politique envers la Russie et l’Ukraine et sur sa vision du président russe Vladimir Poutine. L’ex-chancelière de 70 ans ne regrette rien et entend assumer la gestion de toutes ces questions. Pour elle, les differents choix répondaient aux contraintes et aux priorités de leur époque.
Angela Merkel estime qu' »en dépit de toutes les difficultés, elle a bien fait de ne pas laisser les contacts avec la Russie se rompre. » Car, souligne-t-elle, « la Russie est, avec les Etats-Unis, une des deux principales puissances nucléaires mondiales » et elle est voisine l’Europe.
Angela Merkel défend également son opposition à une adhésion de l’Ukraine à l’Otan au sommet de Bucarest en 2008. Pour elle, il est illusoire de penser que le statut de candidat aurait protégé ce pays de l’agression de Poutine. Toutefois, aucun autre dirigeant n’est autant critiqué dans ces mémoires que le président russe Vladimir Poutine, qu’elle décrit comme « un homme perpétuellement aux aguets, craignant d’être maltraité et toujours prêt à donner des coups. »
Angela Merkel reprend la parole au moment où l’actualité est marquée par les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et la campagne électorale en Allemagne en vue de législatives anticipées en février.
Pour l’ancienne chancelière, « la prospérité et l’Etat de droit feront toujours de l’Allemagne et de l’Europe des lieux où l’on désire se rendre« . Sur la montée de l’extrême droite, l’AfD, elle met en garde les partis démocratiques : « s’ils continuent à faire de la surenchère rhétorique sans proposer de solutions concrètes aux problèmes existants, ils échoueront », dit madame Merkel.
Ces souvenirs ont été rédigés avec sa fidèle collaboratrice de toujours, Beate Baumann, dans un petit appartement du centre-ville de Berlin loué pour l’occasion, où les deux femmes ont tapé le manuscrit sur un ordinateur non connecté à Internet, prenant soin de le sauvegarder sur des clés USB stockées dans un coffre-fort.
Depuis qu’elle a quitté son bureau à la chancellerie, en 2021, Angela Merkel s’est très peu exprimée. En seize ans de pouvoir, l’ex-chancelière a connu quatre présidents américains et tout autant de présidents français. Elle s’est trouvée au centre d’événements essentiels, du Brexit à la crise de l’euro. En Allemagne, les Mémoires de Merkel ont été diversement reçus. suscite une certaine nostalgie mais aussi des critiques. Les éditions Albin Michel ont prévu un tirage de 35 000 exemplaires −, les Etats-Unis, la Chine, la Turquie, la Russie et l’Ukraine.
Afriquinfos