ABIDJAN (© 2025 Afriquinfos)- Son influence n’a d’égal que sa discrétion légendaire. Hadja Nadiani Bamba, «Nady Bamba» pour les intimes ou encore «la petite maman» pour les partisans de Laurent Koudou Gbagbo, son mari. Née à Touba, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire, Nady Bamba est issue d’une famille musulmane appartenant aux lignées Fadiga et Bamba. Elle est diplômée de l’EFAP (École française des attachés de presse). C’est en tant que correspondante de la Radio panafricaine «Africa N°1» à Abidjan (en couvrant l’actualité politique et sociale de la Côte d’Ivoire) qu’elle a débuté sa vie professionnelle.
Dans le cadre de ses activités journalistiques, elle rencontre Laurent Gbagbo en 1990. Ils débutent alors une relation amoureuse discrète pendant qu’elle habite la commune populaire d’Adjamé, au «220 Logements» précisément. En sa qualité de journaliste politique, elle couvre la campagne présidentielle et l’élection de 2000, remportée par Laurent Gbagbo face au Président de Transition, feu le général Robert Gueï.
La relation prend une autre allure et commence à attirer l’attention des paparazzis. En 2001, Laurent Gbagbo (Président de la République), bien que marié officiellement à Simone Ehivet, et Nady Bamba scellent leur union selon les rites coutumiers mahouka et musulmans. Un an plus tard, en juillet 2002, le couple accueille un fils, David Al Raïs Gbagbo, deux mois avant qu’éclate la rébellion armée du 19 septembre 2002 contre le pouvoir Gbagbo.

En 2003, en pleine crise ivoirienne, Nady Bamba fonde le groupe de communication «Cyclone», actif dans les domaines de la communication, de la publicité et de l’événementiel, et lance par la même occasion le quotidien «Le Temps» qui paraît toujours. Avec ces supports médiatiques, elle joue un rôle-clé durant la guerre communicationnelle 2002-2010 contre Laurent Gbagbo.
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Jusqu’à la campagne présidentielle de 2010, elle supervise notamment la mobilisation dans le nord du pays, une zone alors dominée par les rebelles et opposants de Laurent Gbagbo. Mais, rien n’y fit ; malgré ces efforts communicationnels et politiques, Laurent Gbagbo est renversé.
Après la chute du régime Laurent Gbagbo en avril 2011, Nady Bamba, pour sauver sa vie, s’exile d’abord en Guinée équatoriale, puis au Ghana. Mais son rêve de se rapprocher de son ‘mari’ emprisonné à La Haye est très vite perturbé car l’UE (Union Européenne) la sanctionne pour «obstruction au processus de paix et de réconciliation par l’incitation publique à la haine et à la violence et par la participation à des campagnes de désinformation en rapport avec l’élection présidentielle de 2010» ! Elle donc est privée de visa, et ses avoirs sont gelés.
En juin 2011, la Cour de Justice de l’UE lèvera ces sanctions européennes, jugeant les accusations trop vagues. Nady Bamba et son fils s’envolent dès lors pour l’Europe, à Bruxelles précisément, afin de «rejoindre» Laurent. Là-bas, elle rend régulièrement visite à son ‘mari’, détenu à la CPI (Cour pénale internationale) jusqu’à son acquittement en février 2019, derrière lequel Laurent rejoint Nady et son fils en Belgique.
Depuis le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire en juin 2021 avec Nady Bamba à ses côtés, la native de Touba n’est plus dans l’ombre ! Elle est devenue une figure centrale de son entourage. Elle joue désormais, et ouvertement, un rôle de rempart et de Conseillère.
Dès son retour en Côte d’Ivoire, elle a entamé une tournée de remerciements à travers le pays, exprimant sa gratitude envers ceux qui ont soutenu son mari durant ses années de détention. Elle n’hésite plus à visiter les mosquées ou les Mouvements politiques les mains chargées. Ses prises de parole autrefois taboues sont désormais monnaie courante dans la presse locale et internationale.

Le divorce entre Laurent et Simone (sa compagne de lutte des années de syndicalisme et de manifestations pour l’avènement du multipartisme, son épouse à l’état-civil depuis 1989) est prononcé le 29 juin 2023. Depuis lors, Nady Bamba, n’est plus l’épouse de l’ombre.
Le 8 août 2024, Laurent Gbagbo et Nady Bamba ont ainsi officialisé leur union par un mariage civil et religieux, selon les rites catholiques, lors d’une cérémonie sobre dans la Commune huppée de Cocody. Elle est désormais la ‘Première Dame’ du PPA-CI, parti fondé en 2021 par Laurent Gbagbo après son retour très médiatisé au bercail.
Et si Nady Bamba était le plan B de Laurent Gbagbo et du PPA-CI pour octobre 2025?
À quelques mois de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, la « Petite Maman » s’impose désormais comme une figure influente de la scène politique ivoirienne. Sa voix porte, ses prises de parole suscitent l’attention et ne passent plus inaperçues. Celle qui n’était autrefois perçue que comme «la simple compagne de Laurent Gbagbo» semble désormais déterminée à jouer un rôle politique plus actif, à l’instar de Simone Gbagbo, l’ex-épouse du « Woody de Mama » (autre surnom de L. Gbagbo). Cette montée en puissance intrigue, alimente de nombreux débats, aussi bien au sein du PPA-CI que dans les autres cercles politiques ivoiriens.
Pour certains, ses interventions publiques ne seraient qu’un prolongement du soutien apporté à l’homme dont elle partage la vie. Pour d’autres, en revanche, elle représente bien plus que cela. Elle est une alternative stratégique voire le plan B du parti, dans un contexte où l’avenir politique de Laurent Gbagbo reste scellé, en raison de son exclusion de la liste électorale pour la présidentielle à venir.
Pour l’heure, rien n’est encore gagné. La pression monte, les esprits s’échauffent : Tidjane Thiam du PDCI-RDA est lui aussi radié de la liste électorale, tout comme Charlé Blé Goudé et Guillaume K. Soro. Alassane D. Ouattara, lui, multiplie les déplacements hors du pays, et reste encore muet, malgré la pression de son parti qui l’a désigné comme «candidat naturel du RHDP» pour octobre 2025.
DOH Bi Tah Augustin