Abidjan (© 2025 Afriquinfos)- Si la justice ivoirienne a décrété Tidjane Thiam inéligible pour la présidentielle d’octobre prochain et qu’elle l’a radié de la liste électorale, c’est parce que le leader du PDCI n’avait plus sa nationalité ivoirienne au moment de s’enrôler sur les listes en 2022, justifie un responsable du ministère concerné.
Selon Augustin Kouamé, directeur des Affaires civiles et pénales de la justice, qui s’exprimait devant la presse, ce lundi 28 avril à Abidjan, pour clarifier la situation, le leader du PDCI a retrouvé sa nationalité ivoirienne en mars dernier. Tidjane n’est cependant pas apatride, assure-t-il.
En introduction, le DACP a rappelé que la Direction des Affaires Civiles et Pénales est chargée de l’application du Code de la nationalité, tel que stipulé par l’article 15 du décret n°2021-451. II a, à cet effet, axé son exposé sur la thématique : ‘’Attribution et perte de la nationalité ivoirienne’’ Quelles réalités ?
S’appuyant sur la loi n°61-415 du 14 décembre 1961, modifiée à plusieurs reprises, M. Kouamé a tenu à clarifier les différentes modalités d’acquisition et de perte de la nationalité ivoirienne . Il a notamment insisté sur l’article 6 du Code de la nationalité, définissant l’attribution de la nationalité ivoirienne à titre d’origine par la filiation – c’est-à-dire, par le sang, en naissant d’au moins parent ivoirien.
Revenant sur la décision de justice concernant M. Thiam, Augustin Kouamé a expliqué que le juge a estimé, sur la base de l’examen du dossier, que la nationalité française du père de M. Thiam n’avait pas été démontrée de façon probante. Une simple feuille volante, non authentifiée, ne pouvait suffire à établir la nationalité étrangère du père. Or, la nationalité par filiation — seule compatible avec le droit ivoirien — devait être formellement prouvée.
En absence de cette preuve, le juge a constaté que M. Thiam, devenu Français par naturalisation en 1987 alors qu’il était majeur, avait perdu automatiquement sa nationalité ivoirienne, conformément à l’article 48, alinéa 1er du Code. Ce texte stipule que l’Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère par sa nationalité ivoirienne de plein droit, sans qu’une décision administrative soit nécessaire.
Le DACP a également rappelé que le certificat de nationalité n’a pas une valeur créatrice de nationalité. Il ne fait que constater une qualité déjà existante. Ainsi, le certificat détenu par M. Thiam, antérieur à la découverte de sa nationalisation française, ne pouvait prévoir sur le décret officiel publié au Journal Officiel de la République française.
Face aux critiques suggérant que Tidjane Thiam, candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025 serait devenu apatride après la renonciation à la nationalité française le 19 mars 2025, Augustin Kouamé a été clair : ‘’Monsieur Thiam, qui était ivoirien par sa naissance, de même qu’il a perdu sa nationalité ivoirienne d’origine de façon automatique par l’acquisition de la nationalité française, de même, dans le respect du parallélisme des formes, il a recouvré sa nationalité ivoirienne automatiquement, sans formalité, et ce, depuis sa libération de son allégeance à la nationalité française, le 19 mars 2025. Au total, Tidjane Thiam n’a jamais été apatride’’, a-t-il notamment déclaré.
Sur le plan politique, le PDCI continue malgré tout de demander un ‘’dialogue’’ et la réintégration de son leader sur la liste électorale. ‘’Le PDCI RDA dit « non » et exige un audit de la liste électorale. Pour le PDCI-RDA, la nationalité exclusivement ivoirienne de Tidjane Thiam ne souffre d’aucune tâche. Son maintien sur la liste électorale est non négociable’’, a ainsi déclaré de son côté Soumaïla Bredoumy, le porte-parole de la formation.
À l’inverse, au cours de la procédure, les avocats de Tidjane Thiam ont tenté de prouver que leur client est né binational (Français et Ivoirien), mais les documents présentés n’ont pas convaincu la juge qui les a écartés.
Face à la presse, les avocats de Tidjane Thiam ont d’ailleurs annoncé le dépôt d’un recours pour faire annuler la décision prononcée, la semaine dernière, car celle-ci n’aurait, selon eux, pas été communiquée au Ministère public. ‘’Cette décision n’existe pas. Elle ne peut pas produire d’effet’’, souligne Maître Luc Adjé.
V.A.