Présidence de la BAD: Mots frappants du Zambien Samuel Maimbo pour se faire élire

Afriquinfos Editeur
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Le Zambien Samuel Maimbo, candidat à la présidence de la Banque Africaine de Développement (DR, Forbes Afrique )

Lusaka (© 2025 Afriquinfos)- Le prochain Président de la Banque Africaine de Développement (BAD) sera connu le 29 mai prochain. Cinq candidats (le Mauritanien Sidi Ould Tah, le Tchadien Mahamat Abbas Tolli, le Sénégalais Amadou Hott, la Sud-Africaine Swazi Bajabulile Tshabalala et le Zambien Samuel Munzele Maimbo) sont dans les starting-blocks pour succéder à Akinwumi Adesina.

A l’instar de tous les candidats qui ont ces derniers mois multiplié les opérations de charme, le Zambien Samuel Maimbo, figurant comme l’un des favoris, a fait part des priorités et de sa position sur certains sujets à ‘Forbes Afrique’.   

Ancien Vice-président de la Banque Mondiale, le Zambien Samuel Maimbo ne s’est pas ménagé ces derniers mois dans sa quête de la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD). Il a sillonné de nombreux pays et expliqué son programme : « J’ai commencé à faire campagne en août dernier. Mais d’expérience, je sais que tout se décidera le jour de l’élection. J’ai voyagé dans vingt pays – en Égypte, au Maroc, au Cameroun, au Sénégal, au Togo, etc. – pour parler de ma vision de l’Afrique. Elle repose sur trois piliers. Le premier, c’est d’améliorer la croissance de l’économie en Afrique – pas pour qu’elle atteigne 3-4% mais 6-7% –, et de l’améliorer pendant cinq ans. C’est la seule façon de résoudre nos problèmes. Deuxièmement, comment pouvons-nous résoudre la question de la dette, du climat, de l’infrastructure, des emplois pour les jeunes ? Et le troisième pilier, c’est la BAD : comment s’assurer qu’elle fonctionne aussi efficacement et fortement que possible?», a déclaré le candidat qui bénéficie du soutien de la Communauté des États d’Afrique australe (SADC) et des pays du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA).  

Samuel Maimbo a aussi un regard sur la géopolitique mondiale notamment les décisions de l’administration américaine sous Donald Trump  qui devraient selon lui, renforcer  la résilience de l’Afrique: «La décision américaine est une décision lourde. À court-terme, elle va créer un certain nombre de défis pour de nombreux pays africains. Mais honnêtement, je suis très enthousiaste pour l’Afrique parce qu’à long terme, je pense qu’elle sera plus forte… Aujourd’hui, 15 pays africains connaissent une croissance supérieure à 6%. C’est un chiffre significatif. Ensuite, 345 entreprises sont basées en Afrique et réalisent un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars par an. C’est significatif.  La jeunesse représente près de 60% de notre population. Nous disposons de terres… Tout cela permettra à notre économie de croître».

Sur le contrôle des ressources africaines, l’économiste Zambien au aussi sa petite idée : «Les Africains doivent développer leurs échanges entre eux, car il n’y aura pas de formule magique ! Nous dépensons 50 milliards de dollars par an pour importer des denrées alimentaires hors d’Afrique. Ensuite, nous demandons de l’aide. Si les pays africains se disaient : « Achetons-nous de la nourriture les uns aux autres , cela représenterait 50 milliards de dollars par an que vous investiriez dans l’agriculture au Zimbabwe ou en Tanzanie…

Deuxièmement, nous devons améliorer la qualité de nos infrastructures. À l’heure actuelle, celles-ci sont principalement destinées à l’exportation hors du continent… Le troisième domaine est l’énergie. Beaucoup d’argent est investi dans l’énergie, mais les marchés sont fragmentés… Le quatrième point est que la création de valeur ajoutée dans le secteur manufacturier est une activité à long terme. Si l’on veut s’engager sur cette voie, les gouvernements doivent faire preuve de cohérence. Il faut garantir aux citoyens que la politique fiscale ne sera pas modifiée chaque année. Cela passe notamment par le soutien aux entreprises africaines. Trop souvent, et même dans ma propre institution, nous nous concentrons beaucoup trop sur l’implantation d’entreprises étrangères en Afrique. Elles bénéficient d’allègements fiscaux. Mais nous ne nous occupons pas assez de nos propres entreprises».

La BAD est selon lui, l’institution qui doit négocier les meilleurs accords pour les gouvernements africains dans leur partenariat avec l’Europe, les États-Unis, la Chine ou la Russie: «De nombreux gouvernements africains investissent dans des fonds souverains et des banques de développement.  La BAD doit s’associer à ces fonds souverains afin de défendre les intérêts de l’Afrique d’un point de vue commercial. C’est là le cœur de ce qui, selon moi, définira le siècle prochain : la transition de l’aide à la dette vers une économie fondée sur la croissance et la prospérité. L’héritage d’Adesina, sur lequel je souhaite m’appuyer, réside dans le fait qu’il a rehaussé la réputation de la BAD. Il a fait du bon travail, en en renforçant la visibilité. Il nous faut maintenant utiliser cette visibilité pour affirmer que l’Afrique est à son apogée». 

S. B.