La polygamie décomplexée des leaders politiques

Afriquinfos Editeur
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Dieu a créé un Adam et une Eve, et non pas 5 ou 6, pourrait avancer le chrétien ; sauf que dans la religion musulmane, un homme peut épouser plusieurs femmes selon certaines conditions, et la polygamie est également monnaie courante dans bien des religions traditionnelles à travers toute l’Afrique.

On a été témoin d’une bonne généralisation de la monogamie avec l’accroissement de la scolarisation et la diffusion du mode de vie à l’occidentale sur tout le continent. Pourtant, il semblerait que la polygamie reviennent à la mode dans certaines régions, à la grande satisfaction de certains et au mécontentement de certaines.

Les mouvements féministes s’y sont largement opposés par le passé, et pour cause : la polygamie n’étant que masculine – aucune femme n’épouse plusieurs hommes – elle implique en elle-même une inégalité sexuelle évidente. De plus, elle implique pour les maris de pouvoir prendre en charge financièrement toutes ses femmes et ses enfants, conséquemment plus nombreux. Beaucoup s’en accommodent pourtant, y compris des femmes, arguant qu’un ménage à temps plein et une carrière professionnelle sont difficiles à mener de front : avec un époux absent cinq jours par semaine, elles disent disposer de plus de liberté.

Mais c’est avec des personnages publics que la polygamie est rendue le plus visible. Le président sud-africain Jacob Zuma, 67 ans, affiche avec une franche satisfaction ses trois premières dames – bientôt quatre – et ses enfants, dont le nombre total pourrait s’élever à 18, même si cela n’est pas sûr. Le roi Mswati III du Swaziland, lui, a douze épouses, deux fiancées et 24 enfants légitimes au total. Laurent Gbagbo, en Côte d’Ivoire, avait pris lui aussi une seconde épouse, alors qu’il est chrétien.

Au Sénégal, plusieurs hommes politiques, dont le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, vivent leur polygamie au grand jour. Ce choix peut répondre à des logiques de stratégie politique et religieuse : avoir plusieurs femmes est alors une question d’image publique, cela peut être synonyme d’être un bon musulman et de gagner des soutiens politiques.

Cette pratique reste largement décriée par de nombreuses parties de la population africaine, sans parler de l’occident où elle est pour ainsi dire quasiment inexistante. Cependant, commentent de jeunes Africains pro-polygamie, est-ce mieux de collectionner les maîtresses secrètes, les relations extra-conjugales et les enfants illégitimes ?