Pierre Claver Mbonimpa : " Les conditions carcérales commencent à s’améliorer. "

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Quel bilan faites-vous de la situation dans les prisons burundaises ?

Les conditions carcérales sont en nette amélioration.  Il y a quelques années encore, on déplorait la surpopulation. Il y a une avancée positive sur ce plan. Actuellement, nous avons quelque 7500 personnes dans nos prisons. En 2011, on n’était pas loin de 10 000 détenus. Près de 4000 prisonniers ont été libérés suite à une grâce  présidentielle. Le ministère de la Justice a également décidé d’élargir les prisonniers ayant purgé le quart de leur peine.

Par ailleurs, à deux reprises, en 2012, des détenus ont bénéficié d’une libération conditionnelle. Environ 3700 d’entre eux ont été libérés.

Le surpeuplement n’est donc plus aussi aigu que par le passé. Nous sommes même optimistes pour la suite des événements : le ministère de la Justice a promis de poursuivre sa politique libérale. Je rappelle que ceci est conforme au code pénal.

Quel est l’effectif par lieu de détention ?

On dénombre près de 7500 personnes dans les onze prisons que compte le pays. La capacité d’accueil est respectée dans certaines prisons. Cas, par exemple, de la prison pour femmes de Ngozi, au nord du pays, où vivent 68 détenues pour une capacité de 250.  La prison de Rutana, au sud-est, avec 231 pour une capacité de 300. A Bururi, au sud, on en a 150 pour une capacité de 250.

Il y a encore malheureusement des prisons surpeuplées. Cas de la prison centrale de Mpimba, dans la capitale, avec 2541 détenus pour une capacité d’accueil de 800. Il y a également celle de Gitega (au centre), avec 1105 pensionnaires pour 400 places et la prison pour hommes de Ngozi : 1305 détenus pour une capacité de 400. A Bubanza (ouest), on compte 272 prisonniers pour 100 places.

Que faire d’autres pour désengorger  les prisons ?

L’emprisonnement devrait être une exception, mais certains magistrats envoient en prison les gens pour un oui ou pour un non. L’idéal serait de laisser les gens en liberté provisoire, puis de les incarcérer une fois qu’ils sont définitivement condamnés.

Une autre  solution serait de libérer les prisonniers par le cadre d’un système des travaux d’intérêt public. Mais selon la loi, ce système concerne uniquement  les condamnés à moins de deux ans, qui ne sont pas nombreux. Ce système n’est pas facile à mettre en exécution, car nécessitant des mesures d’accompagnement. Il coûte cher à la collectivité et exige un suivi régulier. Si, par exemple, un prisonnier est commis pour aller balayer la cour de la mairie, il faudrait normalement un juge sur place pour le suivi, sans oublier quelques policiers pour assurer la garde. Dès qu’il sera mis en application de façon plus élaborée, ce système contribuera de façon significative au désengorgement de nos prisons.