New York (© 2024 Afriquinfos)- Les dirigeants mondiaux (180 chefs d’Etat) réunis à l’occasion du Sommet de l’avenir, qui se sont tenus sous les auspices de la 79ème l’Assemblée générale, ont adopté, ce sous des applaudissements nourris, le Pacte pour l’avenir. Ils ont ainsi promis de donner « un nouveau départ » au multilatéralisme, conscients que ce n’est « plus une option, mais une nécessité ». Parmi eux des dirigeants africains se sont aussi prononcé sur ce nouveau pacte. Ils ont réclamé les réformes les plus pressantes à leurs yeux pour redonner du souffle à l’Organisation et l’adapter aux nouveaux défis menaçant l’humanité.
Pour M. João Manuel Gonçalves Lourenço, Président de l’Angola, ‘’le Pacte pour l’avenir est un point d’inflexion, et nos engagements politiques doivent nous permettre de réunir les ressources pour financer le développement durable et ne laisser personne de côté’’. Il a demandé de ne pas oublier les jeunes et les femmes, qui sont des moteurs essentiels de la transformation de l’humanité. Selon lui, la communauté internationale doit s’engager à lutter de manière plus intense contre la pauvreté, condition sine qua non du développement durable. ‘’Les plus pauvres et les plus vulnérables doivent être placés au cœur de notre action, a insisté le Président de l’Angola, ajoutant qu’il est impossible de construire un monde sûr, équilibré et durable s’il ne concerne que certaines personnes. En ce sens, un système financier plus juste doit servir les pays en développement’’, a-t-il souligné.
M. Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Togo, a appelé à repenser le modèle de développement international, prédisant un avenir sombre si cela n’était pas le cas. « Changeons de cap », a-t-il plaidé. ‘’L’action collective doit se mener dans des cadres politiques rénovés’’, a dit le Président. Il a également appelé à repenser le multilatéralisme tant la gouvernance actuelle est obsolète, avant de plaider pour un nouveau modèle. « Pour regarder vers l’avenir, il faut regarder vers l’Afrique », a poursuivi le Président, en insistant sur la jeunesse et le potentiel du continent.
Il a estimé que l’État, en Afrique comme ailleurs, doit jouer un rôle central de coordination car il est le seul garant des intérêts de la population et des générations futures. Au Togo, nous nous efforçons de bâtir un État fort, a affirmé le Président, avant de déplorer l’insuffisance et la déconnection de l’aide internationale. Enfin, il a insisté sur la nécessité que l’Afrique soit mieux représentée sur la scène internationale.
M. Mokgweetsi Eric Keabetswe Masisi, Président du Botswana, a souligné que le développement et le financement durables restent la priorité des pays en développement. ‘’Nous devons prêter attention à leurs besoins les plus urgents et, à ce titre, nous engager pleinement à réformer l’architecture financière internationale, à combler la fracture numérique entre pays développés et pays en développement, à traiter des problèmes des jeunes et à garantir l’équité générationnelle. Il faut aussi réformer le Conseil de sécurité et redynamiser l’Assemblée générale, garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire et enfin, à promouvoir la coopération’’.
La Guinée-Equatoriale, la Mauritanie le Sénégal
M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Président de la Mauritanie, s’est inquiété des lenteurs dans la réalisation des objectifs de développement durable. Il a détaillé la lutte de son pays contre le terrorisme, la violence et la pauvreté, tout en reconnaissant que les résultats ne sont pas encore à la hauteur. La communauté internationale doit trouver les solutions pour accélérer la réalisation desdits objectifs et réformer l’architecture financière internationale. Le Président de la Mauritanie a également demandé une réforme du Conseil de sécurité, avant d’appeler les États Membres à œuvrer de conserve pour éviter un « effondrement de la planète ».
M. Teodoro Nguema Obiang ManguE, Vice-Président en charge de la défense et de la sécurité de l’État de la Guinée équatoriale, a évoqué un moment crucial de l’histoire pour décider de ‘’l’avenir de nos nations et de la communauté internationale. Mais cela ne sera pas possible sans prendre en compte la place unique de l’Afrique, qui est à la fois un défi et une opportunité’’. Il a souligné que la coopération internationale est indispensable pour bâtir des infrastructures résilientes et durables pour l’ensemble des générations’’. ‘’Le Pacte pour l’avenir sera essentiel pour l’avenir des jeunes, raison pour laquelle il faut investir dans leur éducation et leur bien-être’’, a-t-il ajouté. Il a ensuite lancé un appel à tous les pays, du Nord comme du Sud, pour qu’ils unissent leurs forces et bâtissent un avenir dans lequel chaque personne puisse vivre de manière digne et dans l’espoir.
M. Bassírou Diomaye Diakhar Faye, Président du Sénégal, évoquant les nombreux défis auxquels l’Afrique fait face, a préconisé la recherche de solutions communes dans un cadre multilatéral, à même d’inspirer la confiance et l’adhésion. À ce propos, ‘’il a souhaité partager quelques observations. En premier lieu, a-t-il dit, il est clair que le futur ne saurait être construit sur le système actuel, dominé par les injustices, l’extrême pauvreté, les tensions géopolitiques et le réchauffement de la planète. Citant les rapports du Secrétaire général, il a rappelé que 575 millions de personnes devraient encore vivre dans la pauvreté extrême en 2030 si les tendances actuelles se maintiennent’’. Une situation qui, a-t-il précisé, ‘’annihile tout espoir de développement durable’’. À ce titre, il a jugé indispensable de s’attaquer au cycle « infernal » de la dette qui asphyxie de nombreux pays du Sud, dénonçant les taux d’emprunt qui leur sont accordés, de 2à 12 fois supérieurs à ceux appliqués aux pays développés, selon un récent rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Le Président a ensuite lancé un appel à la réforme de la gouvernance politique, économique et financière mondiale.
La Guinée Conakry, le Maroc Djibouti
M. Amadou Oury Bah, Premier Ministre de la Guinée, a plaidé pour une coopération renforcée entre les États, visant à prévenir les conflits et à promouvoir la diplomatie internationale. Les mécanismes de financement international, a-t-il ajouté, doivent être renforcés pour permettre à toutes les nations, particulièrement les plus vulnérables, de progresser vers une croissance durable, résiliente et inclusive.
M. Aziz Ahkkanouch, Chef du Gouvernement du Royaume du Maroc, a considéré que ce Sommet fournit une occasion unique de renouveler notre engagement pour la Charte des Nations Unies et un nouveau dynamisme multilatéral. Il s’est lancé dans un plaidoyer en faveur d’une réforme des institutions financières internationales qui donne enfin à l’Afrique la place et le pouvoir décisionnaire qu’elle mérite. ‘’Les participants à la réunion du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech en 2023 ont insisté sur la nécessité de réformer ces institutions. Nous demandons maintenant: l’Afrique n’est-elle pas un bon indicateur pour évaluer nos efforts collectifs en vue de concrétiser les aspirations les plus hautes pour la paix et la sécurité dans le monde entier? Pour sa part, le Maroc a beaucoup progressé en se fixant de nouveaux objectifs pour des émissions de gaz à effet de serre de moins de 45% d’ici à 2030, s’est félicité le Chef du Gouvernement’’.
M. Mahamoud Ali Youssouf, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Djibouti, a jugé urgent de parvenir à un consensus pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) dans les délais impartis. Il a blâmé les régimes commerciaux et les conditionnalités injustes qui ont pour résultat des disparités économiques énormes entre nations. Les institutions financières internationales doivent mobiliser des financements adéquats pour atteindre les ODD, protéger les pays des chocs systémiques et rendre le système financier plus stable, a plaidé M. Youssouf. Pour rétablir la confiance, nous devons repenser la gouvernance mondiale pour un système international plus juste, plus équitable et plus efficace. ‘’L’Afrique, a observé le Ministre, est toujours sous-représentée au sein de nombreuses organisations financières internationales, alors qu’elle est la destinataire du plus grand nombre de programmes du Fonds monétaire international (FMI), où pourtant elle n’a que 6,5% des voix. À la Banque mondiale, l’Afrique n’a que 11% des actions’’.
M. Ahmed Attaf, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a salué les conclusions qualitatives du Sommet, et s’engage à contribuer pour les mettre en œuvre. Le Ministre a aussi appelé à rééquilibrer les relations internationales dans toutes leurs dimensions: politique, économique et sociale.
Mme Rafaravavitafika Rasata, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a déclaré que le Sommet de l’avenir constitue l’occasion de réinventer ‘’notre approche collective et de repenser le multilatéralisme: celui-ci doit être plus inclusif, équitable et dynamique pour que les besoins des pays vulnérables soient pris en compte’’. Ainsi, Madagascar plaide en faveur d’une coopération internationale axée sur des actions qui tiennent compte des intérêts des générations futures.
Vignikpo Akpéné