Kigali (© 2025 Afriquinfos)- Depuis le 26 janvier 2025, la ville de Goma est aux mains des rebelles du M23. Pour les dirigeants congolais, il ne fait aucun doute que le Rwanda qu’ils ont toujours désigné comme le grand soutien des groupes armés (s’efforçant de s’implanter dans l’Est du Congo) est derrière cette nouvelle offensive. Des accusations que la partie rwandaise réfute. Notamment son Président Paul Kagamé, tout autant que les mises en garde de l’Afrique du Sud.
Après la prise de Goma et les affrontements entre M23 et les FARDC, sans détour, la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner a accusé le Rwanda d’occuper illégalement la République Démocratique du Congo. Pour elle, l’objectif de Kigali est de faire main basse sur les vastes ressources minières dont regorge cette région. «Je pense que le Rwanda devrait faire l’objet d’un embargo sur toutes ses exportations de minerais, il ne devrait pas bénéficier de ce qui a été extrait illégalement et par le travail forcé dans l’est de la RDC», a-t-elle déclaré.
La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a démenti cette accusation et a déclaré que ses troupes n’avaient été déployées que pour éviter que le conflit ne s’étende à son territoire.
C’est également la position soutenue par le Président Paul Kagamé face aux mises en garde de l’Afrique du Sud après que treize de leurs soldats aient été tués lors des affrontements. Le président rwandais qui dit avoir eu des échanges téléphoniques avec son homologue sud-africains accuse ce dernier de faire preuve de mauvaise foi après qu’il ait qualifié l’armée rwandaise de « milice » combattant aux côtés des rebelles du M23. «Nous ne pouvons pas tolérer une situation dans laquelle des milices sont soutenues pour déstabiliser un autre pays …Nos forces sont là pour rétablir l’ordre, pas pour commettre une agression. Nous nous opposons à toute milice soutenue par l’étranger qui menace la souveraineté de la RDC», a déclaré Ramaphosa.
Ces commentaires du Président sud-africain ont provoqué la colère de Kagame. Sur X, il les a qualifiés de «fausses déclarations», «d’attaques délibérées» et même de «mensonges», en contradiction avec ses discussions téléphoniques avec Ramaphosa plus tôt dans la semaine.
«Il n’y a eu aucun avertissement. Au lieu de cela, le Président Ramaphosa a demandé mon aide pour garantir que ses troupes aient accès aux fournitures essentielles comme l’électricité, la nourriture et l’eau», a commenté le Président rwandais. Il a en outre affirmé que C. Ramaphosa avait admis en privé que les soldats sud-africains tués en RD Congo n’avaient pas été attaqués par le groupe rebelle M23, mais par l’Armée congolaise, les FARDC.
Paul Kagamé fustige également la mission de paix de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la «SAMIDRC déployée en RDC dans laquelle des soldats sud-africains sont fortement représentés. « Elle a été autorisée par la SADC en tant que force belligérante engagée dans des opérations de combat offensives pour aider le gouvernement de la RDC à lutter contre son propre peuple, travaillant aux côtés de groupes armés génocidaires comme les FDLR qui ciblent le Rwanda, tout en menaçant de porter la guerre au Rwanda même», a écrit Kagame sur X.
Paul Kagamé n’a pas manqué de formuler une menace à peine voilée en direction de la Nation arc-en-ciel: «Si l’Afrique du Sud veut contribuer à des solutions pacifiques, c’est très bien, mais elle n’est pas en mesure d’assumer le rôle de pacificateur ou de médiateur. Et si l’Afrique du Sud préfère la confrontation, le Rwanda traitera la question dans ce contexte à tout moment», a-t-il lâché.
Boniface T.