Cannes (© 2025 Afriquinfos) – La 78e édition du Festival de Cannes, qui se déroule du 13 au 24 mai 2025 met en avant une sélection de films du monde entier. Parmi eux, des œuvres produites par des réalisateurs africains.
La Franco-tunisienne Erige Sehiri pour l’ouverture
La réalisatrice franco-tunisienne Erige Sehiri est de retour à Cannes avec Promis le ciel qui est sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard. Son nouveau long-métrage aura d’ailleurs l’honneur de faire l’ouverture de cette compétition : Aisha Can’t Fly Away, un regard sur la vie des migrants au Caire.
Réalisé par Morad Mostafa, Aisha Can’t Fly Away raconte le quotidien d’Aisha, une jeune aide-soignante somalienne de 26 ans vivant à Ain-shams, un quartier du Caire, en Égypte, où réside une importante communauté de migrants subsahariens. Présenté dans la catégorie Un Certain Regard, le film explore les tensions violentes entre les différentes communautés et les gangs qui contrôlent le quartier, dans l’indifférence des autorités. Après trois films courts, ce premier long-métrage de Morad Mostafa offre un regard intime et poignant sur les défis auxquels sont confrontés les migrants en Égypte,
L’humoriste Thomas Ngijol
L’humoriste Thomas Ngijol fait un sacré virage avec son nouveau film Indomptables, présenté à la Quinzaine des Cinéastes. Habitué de la comédie, il s’essaie ici au registre plus sombre du polar. Inspiré du documentaire Un crime à Abidjan de Mosco Levi Boucault, le film suit le commissaire Billong, qui enquête sur le meurtre d’un officier de police à Yaoundé, au Cameroun. À mesure que l’enquête progresse, il se retrouve confronté à des dilemmes moraux et éthiques qui le poussent à bout. À travers le personnage complexe de Billong qu’il incarne, Thomas Ngijol questionne les limites de la loi et de la morale dans une société en proie à la corruption et à la violence.
Ce film entièrement tourné à Yaoundé semble déjà avoir conquis l’équipe de la Quinzaine des réalisateurs : « Thomas Ngijol est absolument extraordinaire, non seulement en tant que réalisateur, mais aussi en tant qu’acteur. L’ensemble de son casting est juste, ça nous a fait du bien de voir ce film camerounais alors qu’il était inattendu. »
My Father’s Shadow
My Father’s Shadow, réalisé par Akinola Davies Jr., est une étape importante pour le cinéma nigérian : c’est la première fois qu’un film nigérian est en sélection officielle à Cannes. Le film se déroule durant l’élection présidentielle de 1993 au Nigeria. Organisées après des années de régime militaire, ces élections visaient à rétablir un gouvernement civil. Cependant, ces élections, considérées comme les plus libres du pays à l’époque, ont été annulées par le général Ibrahim Babangida, alors chef de l’État. Ce qui a déclenché une crise politique majeure et conduit à une période prolongée d’instabilité avec une centaine de morts durant des manifestations.
Dans ce long-métrage, le réalisateur suit l’histoire de deux jeunes frères qui passent une journée ensemble dans ce contexte troublé dans la mégalopole de Lagos. Ce récit semi-autobiographique offre un aperçu des dynamiques familiales et politiques complexes de cette période tumultueuse de l’histoire nigériane.
Randa Maroufi
L’mina, un court-métrage de 26 minutes réalisé par Randa Maroufi, est présenté à la Semaine de la Critique. Le film se déroule à Jerada, une ville minière au Maroc, où l’exploitation du charbon, bien qu’officiellement arrêtée en 2001, se poursuit de manière informelle. À travers une reconstitution du travail dans les puits, L’mina permet d’appréhender les conditions de vie des habitants de cette région.
La Vie après Siham, réalisé par le franco-égyptien Namir Abdel Messeeh, est sélectionné par l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Son film précédent, La vierge, les coptes et moi, sortie en 2012, explorait avec humour sa relation avec sa terre natale et sa famille copte. Ce nouveau documentaire intime suit Namir, qui, après la disparition brutale de sa mère Siham, replonge dans ses souvenirs d’enfance et ceux de leur quartier. À travers une enquête sur son histoire familiale entre l’Égypte et la France, Namir explore les thèmes du deuil, de la mémoire et de l’identité. Le film est un hommage émouvant à Siham, mais aussi une réflexion sur l’impact durable de la perte d’un être cher.
Le réalisateur congolais Dieudo Hamadi, membre du jury, chronique les « traumatismes » de la RDC est également au festival de Cannes. Il a voulu être médecin pour plaire à son père, avant de se tourner vers l’écriture en images et le documentaire.
Afriquinfos