Nouveau coup de froid dans les relations Inde-Maurice

Afriquinfos Editeur
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Cette décision survient moins de trois mois après que Port- Louis eut montré son irritation sur la décision indienne de demander aux Nations Unies le droit exploiter les ressources des eaux territoriales mauriciennes sans lui en demander la permission.

Officiellement, la décision invoquée pour annuler cette réunion de trois jours considérée comme cruciale pour le secteur offshore mauricien serait la non-disponibilité du chef de la délégation indienne. Mais cette décision survenant le jour du début de la réunion a surpris plus d'un.

Selon des sources autorisées, elle ne serait pas étrangère à la déclaration du Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam sur ce traité, au Forum économique mondiale à Davos, au courant de la semaine écoulée.

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Le Premier ministre mauricien avait rencontré dans la station suisse le ministre des Finances indien, Palaniappan Chidambaram.

Un aparté qui a permis à Navin Ramgoolam, selon ses propres dires, d'exprimer son mécontentement sur la position indienne sur le traité fiscal et les amendements que le gouvernement indien compte apporter et que cela ne serait pas, dit-il, à l'avantage du secteur offshore mauricien.

"J'ai eu une bonne réunion avec le ministre Chidambaram, et je dois avouer en toute franchise que j'ai fait savoir que je n'étais pas content de la façon dont les discussions se déroulaient. Je ne crois pas que la façon qu'on négocie avec nous est correcte, et je l'ai fait savoir", a déclaré le Premier ministre mauricien à la radio-télévision mauricienne.

Palaniappan Chidambaram, ainsi que le Premier ministre indien Manmohan Singh, ont tenté, à Davos toujours, de rassurer le Premier ministre mauricien qu'aucune décision défavorable à l' égard de Maurice ne sera prise.

Mais la mise au point de Navin Ramgoolam a semblé irriter New Delhi qui n'a pas cru bon de donner une autre date au nouveau round de négociations du traité qui entre dans la huitième année depuis la création du Groupe de travail commun, censé superviser le traité.

L'Inde reçoit environ 40 % de ses investissements directs étrangers à travers l'île Maurice. De même environ 40 % des flux financiers venant des Financial Institutional Investors (FII) dans le pays sont estimés de venir de la juridiction mauricienne.

Les détracteurs indiens estiment que les investisseurs indiens utiliseraient la plate-forme financière mauricienne, pour échapper au fisc. Et, les autorités indiennes veulent à tout prix dépoussiérer et moderniser ce traité, vieux de plus de deux décennies, afin de prévenir contre des abus.

Mais à Maurice, les attaques répétées de la presse indienne commencent à lasser. Allié inconditionnel de Port-Louis, New Delhi semble aujourd'hui se tourner vers une politique où le poids de Maurice compterait de moins en moins.

Ainsi, au mois d'octobre de l'année dernière, l'Inde a fait une demande auprès des Nations Unies pour qu'elle puisse exploiter des ressources minérales, notamment des sulfures polymétalliques, dans les eaux territoriales mauriciennes.

L'Inde vise principalement une zone au large de Rodrigues, une île située à 600 km au nord-est de Port-Louis et faisant partie du territoire mauricien. L'Inde a déjà effectué une étude préliminaire dans cette zone avec l'aide du Centre national de la recherche Antarctique et Océanique.

Maurice avait réagi avec virulence, à travers son ministre de la Pêche, arguant qu'elle "n'apprécie pas que l'Inde veuille exploiter les ressources de ses eaux territoriales sans lui en demander la permission".

New Delhi n'a toujours pas répondu à la demande mauricienne d' explications sur sa démarche auprès de l'ONU.