N’Djamena (© 2024 Afriquinfos)- Une fin définitive de la présence française au Sahel ? C’est ce qu’interroge la récente annonce du Tchad, jusqu’ici dernier pays sahélien à abriter des forces tricolores et maillon clef de la présence militaire française en Afrique. Quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot N’Djaména, a annoncé dans la soirée de ce jeudi 28 novembre, mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris.
« La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », avait relevé un peu plus tôt le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderaman Koulamallah, à l’issue une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et Jean-Noël Barrot.
Ce dernier, arrivé jeudi soir en Ethiopie, n’était pas immédiatement joignable pour réagir à cette information, tout comme le ministère français des Armées.
En mai dernier se sont achevées à N’Djamena trois années de transition avec l’élection de Mahamat Idriss Déby Itno , porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby tué par des rebelles au front. Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l’appui de l’armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019.
Cependant, « ce n’est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs », a assuré à l’AFP Abderaman Koulamallah, joint par téléphone, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français , constituant le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. « Le Tchad, conformément aux dispositions de l’accord, s’engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis », précise le communiqué ministériel, qui n’évoque pas de date de retrait des troupes françaises.
La décision a été « prise après une analyse approfondie » et marque un « tournant historique », a souligné le chef de la diplomatie du Tchad dans son communiqué. « Après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », a-t-il ajouté, assurant que la visite de Jean-Noël Barrot avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales « à tous les niveaux ».
Une réduction en peau de chagrin mais qui ne chagrine pas tous les Africains. La présence militaire française s’est réduite drastiquement ces dernières années, sur le continent.
Désormais, la France ne conserve plus que cinq bases militaires permanentes dans ce continent. cette rupture intervient après celle du Niger, du Burkina Faso et du Mali.
Un rapport au président Macron de son envoyé spécial en Afrique, Jean-Marie Bockel, et qui a récemment « fuité », préconise d’ailleurs de réduire ces effectifs à 100 militaires au Gabon, tout comme en Côte d’Ivoire et au Sénégal, ainsi que 300 au Tchad (une préconisation qui semble désormais obsolète pour ce dernier pays), voire le Sénégal. Soit un total, à terme, d’à peine 200 hommes sur des bases permanentes, contre… 7.000 il y a seulement dix-huit mois, un niveau équivalent au demeurant à celui fixé en 1981.
Juste après l’indépendance en 1960, la France maintenait au total 60.000 hommes dans près de 90 garnisons sur le continent et Madagascar.
Afriquinfos