Nigeria: L’écrivain Wole Soyinka tacle de nouveau Trump et les gouvernants contemporains

Afriquinfos
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Lagos (© Afriquinfos 2017) – Le prix Nobel de la littérature en 1986, le Nigérian Wole Soyinka, ne cache pas son désarroi  face à l’élection de Donald Trump. Après avoir jeté sa carte de résident permanent aux USA, il critique le nouveau locataire de la Maison Blanche sur sa politique qui vise à ériger un mur pour séparer le Mexique des Etats-Unis et  analyse la situation dans son pays.

 

Selon l’écrivain, le président américain Donald Trump a surfé sur la «xénophobie latente» pour accéder à la Maison Blanche. Donald Trump est «arrivé au pouvoir grâce aux  a-priori des autres», analyse le prix Nobel de littérature, à l’occasion du Salon du Livre à Paris. «Il a surfé sur la vague de xénophobie latente qui existe dans toutes les sociétés, y compris la mienne», a-t-il expliqué. «Lorsque je vois ce genre de conduite pour accéder au pouvoir, je suis révolté (…) pour moi, un des moments les plus difficiles a été de voir des centaines de milliers de personnes véritablement applaudir, lorsque (Trump) évoquait ces sentiments durant la campagne électorale», s’est exaspéré l’écrivain nigérian.

Il dénonce la construction de murs partout dans le monde. «Je suis contre l’érection de murs, particulièrement dans les esprits des gens (…) Je n’ai jamais caché mes opinions sur ce sujet, que ce soit au Nigeria ou ailleurs», affirme Wole Soyinka qui a encore en mémoire les tristes événements de son pays. Il s’est rappelé l’année 1983 lorsque les cours du pétrole avaient chuté, des milliers d’étrangers ont été expulsés.

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«On voyait des cohortes de réfugiés qui embarquaient dans des camions bringuebalants pour retourner dans leur pays», se souvient-il. Le prix Nobel de la littérature n’a pas non plus oublié son engagement en faveur du Biafra, où  les velléités de sécession ont  provoqué une sanglante guerre civile de 1967 à 1970. Un engagement qui lui  a valu deux  (02) ans de prison pour des accusations d’espionnage. «Je ne peux pas accepter l’idée que des gens aient le droit de tuer d’autres gens, uniquement parce qu’ils veulent affirmer leur identité », a réaffirmé l’immense écrivain.

Engagement permanent de Soyinka

«Ce n’est pas la situation immobilière qui définit une nation ou un peuple, non, c’est bien plutôt une histoire et une culture», pense l’écrivain nigérian qui défend le droit des peuples à «s’assumer en tant que peuple distinct même à l’intérieur d’une zone politico-géographique plus large».  « Le vrai crime, c’est qu’à l’intérieur d’une entité artificielle comme le Nigeria, on a des Etats qui ont été créés mais ne sont pas viables», a-t-il déploré.

Wole Soyinka n’a pas manqué d’aborder le mystère qui a entouré la santé du président Muhammadu Buhari et qui est récemment rentré d’un «séjour médical» de deux mois en Grande-Bretagne. «Il est malade, il n’y a aucun doute là-dessus, et j’aimerais quand même que, par respect pour le peuple, les gens qui sont à des postes de responsabilité soient honnêtes à ce sujet (…) La maladie fait partie de notre existence… Je ne comprends pas pourquoi Buhari et son entourage font tant de mystère à ce sujet», regrette cet intellectuel qui n’a pas sa langue dans sa poche.

 

Bella Edith & Anani  GALLEY