Niger: Ce nouveau plaidoyer de 4 ONG lié à la libération de Moussa Tchangari…

Afriquinfos Editeur
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Moussa Tchangari, secrétaire général de l'ONG Alternative Espaces Citoyens, le 11 juin 2016 à Niamey, au Niger.

Quatre ONG internationales ont demandé ce 03 juin 2025 une nouvelle fois au pouvoir de Transition du Niger de libérer « immédiatement » Moussa Tchangari, figure de la Société civile incarcérée depuis décembre 2024. Il est accusé de « complot en intelligence avec des puissances ennemies ».

M. Tchangari fait partie des voix critiques du régime militaire arrivé au pouvoir au Niger à la suite d’un coup d’Etat le 26 juillet 2023 contre Mohamed Bazoum. « Les autorités nigériennes doivent libérer immédiatement Moussa Tchangari, militant de la société civile et défenseur des droits humains », ont écrit Amnesty International, Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dans un communiqué collégial.

Elles demandent également aux autorités « d’abandonner toutes les charges retenues contre lui ». Moussa Tchangari, 55 ans, est le Secrétaire général d’AEC (Alternatives Espaces Citoyens), une organisation de défense des droits de l’Homme qui informe notamment sur la situation des migrants, nombreux à passer par le Niger vers l’Afrique du Nord.

Quelques semaines avant son arrestation, il avait « critiqué sur les réseaux sociaux la décision du ministre de l’Intérieur du Niger de retirer leur licence à deux organisations non-gouvernementales humanitaires », rappellent les ONG. M. Tchangari a été interpellé le 3 décembre 2024 à son domicile, alors qu’il revenait d’un voyage à l’étranger, par des hommes armés et placé en garde à vue dans les locaux du Service antiterroriste.

Début janvier 2025, il a été écroué dans la prison de Filingué, à environ 200 km au nord-est de la capitale Niamey, inculpé notamment pour « apologie du terrorisme, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, et complot contre l’autorité de l’Etat en intelligence avec des puissances ennemies ».

« S’il est reconnu coupable de complot en intelligence avec des puissances ennemies, il risque la peine de mort », ont alerté les quatre organisations sus-citées. Le pays sahélien prononce toujours des condamnations à mort, mais la dernière exécution remonte à 1976. Les ONG estiment également que les autorités nigériennes doivent « cesser d’utiliser les accusations de terrorisme pour faire taire les voix discordantes« .

Les avocats de M. Tchangari avaient dénoncé mi-mai 2025 sa détention « illégale et arbitraire » et affirmé qu’il n’avait toujours pas été entendu par la justice. Selon les ONG, la justice a rejeté à deux reprises les requêtes des avocats « visant à obtenir la nullité de l’affaire et le dessaisissement de la Chambre judiciaire spécialisée dans la lutte contre le terrorisme ». Ils ont fait appel.

Début mai 2025, trois journalistes d’une radio privée du nord du Niger ont été arrêtés, accusés d’avoir relayé des informations concernant la « rupture » présumée de contrats sécuritaires entre le Niger et la Russie, un partenaire-clef de la junte au pouvoir. Ils ont ensuite été transférés à Niamey.

© Afriquinfos & Agence France-Presse