Nécessité d’une action urgente en RCA et sa sous-région

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

L’Experte indépendante des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, a averti ce jour que le gouvernement de transition avait moins d’un an pour préparer les élections et améliorer la situation des droits de l’homme. Elle a également insisté sur le fait que ces avancées ne pourraient intervenir sans un soutien fort et durable.

« Sans une assistance réelle, il sera impossible de faire fonctionner l’Etat et d’améliorer la situation des droits de l’homme dans le pays », a-t-elle déclaré lors de la présentation de son premier rapport* devant le Conseil des droits de l’homme depuis sa nomination en janvier 2014.

« Pour éviter le chaos en République centrafricaine et dans la sous-région, on ne peut plus se contenter de solutions purement cosmétiques ni se contenter de compter les morts et les victimes », a affirmé l’Experte indépendante.

Mme Keita-Bocoum s’est félicitée de la prise de conscience, par les autorités de la transition, de la nécessité de protéger les droits de l’homme et de prévenir leurs violations, et de la reconnaissance de la fragilité de l’Etat et de son administration. Elle a expliqué que cette prise de conscience constituait une opportunité réelle d’établir un dialogue et une assistance technique.

Cette opportunité ne pourra toutefois se concrétiser que si la communauté internationale tient ses promesses et met à disposition les effectifs de fonctionnaires internationaux civils et militaires nécessaires, conformément à la résolution du Conseil de sécurité, a précisé Mme Keita-Bocoum.

Les limites des capacités de l’Etat, qui sont d’ailleurs reconnues tant par les autorités que par l’ensemble des parties prenantes, exigent des mesures intérimaires plus robustes et audacieuses.

L’Experte indépendante a exhorté la communauté internationale à doter les missions internationales présentes en RCA d’un mandat, de ressources et de l’expertise nécessaires pour rétablir immédiatement la sécurité et restaurer l’autorité de l’Etat, au besoin, par des mesures et des prérogatives intérimaires d’administration territoriale et de maintien de l’ordre.

Certains interlocuteurs ont même avancé l’idée, sinon la nécessité, d’un plan Marshall pour la République centrafricaine (RCA), a précisé Mme Keita-Bocoum. La reprise de l’activité économique, la lutte contre l’impunité, l’effectivité de l’assistance humanitaire et le succès des processus politiques, y compris par le biais d’élections et d’initiatives de réconciliation nationale, sont tributaires de ces mesures intérimaires et de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Il est urgent de conjuguer au plus vite tous les efforts possibles pour sauver la RCA qui a été trop longtemps négligée et se trouve à présent au bord du gouffre. « J’ai lu le désespoir dans les yeux des Centrafricains traumatisés par la violence ; ce désespoir interpelle toute la communauté internationale », a ajouté Mme Keita-Bocoum.

L’Experte indépendante a également noté que les auteurs des violations actuellement en détention étaient pour la plupart des jeunes. « A mon sens, ces jeunes ne sont pas les vrais instigateurs des violences. Ceux-là courent toujours », a-t-elle ajouté.

« Trouver ces personnes, les arrêter et les juger, permettrait de démontrer une volonté réelle de lutter contre l’impunité, de faire la lumière sur les crimes commis et d’établir les responsabilités », a affirmé l’Experte indépendante. « A ce titre le travail de la Commission internationale d’enquête qui est déjà en RCA, revêt une utilité toute particulière. »

(*) Pour accéder à une copie du rapport (A/HRC/25/43), veuillez cliquer sur: http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session25/Pages/ListReports.aspx

 

SOURCE – United Nations – Office of the UN High Commissioner for Human Rights (OHCHR)

Suisse, 28 mars 2014