Le principal opposant mozambicain, Venancio Mondlane, est rentré au pays ce 09 janvier 2025 dans un climat de vive tension, se disant prêt à négocier avec le pouvoir, après des mois de manifestations violentes contestant la victoire du Frelimo (parti au pouvoir) aux élections du 9 octobre 2024.
Après plus de deux mois d’exil, craignant pour sa sécurité après l’assassinat de deux de ses proches, ‘Venancio’, comme l’appelle la rue, a affirmé être rentré pour ‘briser l’idée’ qu’il se dérobait au dialogue avec le Frelimo, au pouvoir depuis 50 ans dans ce vaste pays lusophone d’Afrique australe. Dans ses premières déclarations à la presse l’attendant à l’aéroport, M. Mondlane, en costume sombre et colliers de fleurs blanches autour du cou, s’est adressé indirectement au Frelimo: ‘Je suis donc ici, en chair et en os, pour dire que si vous voulez négocier, si vous voulez me parler, si vous voulez venir à la table du dialogue, je suis là’.
Dans la capitale Maputo et sous la pluie, des centaines de partisans se sont affrontés à la Police anti-émeutes, jetant des pierres et se rinçant les yeux dans les flaques d’eau à terre pour atténuer les effets des grenades de gaz lacrymogène. Tôt dans la matinée de ce 09 janvier 2025, les accès à l’aéroport avaient été bloqués par des check points de Police particulièrement tendus. Au moins, un homme a été blessé par balle à la tête, a constaté un photographe de l’AFP. A moins d’une semaine de l’investiture de Daniel Chapo à la tête de l’Etat, assurant la continuité du Frelimo au pouvoir, ce retour du parlementaire et ancien chroniqueur radio de 50 ans pourrait faire basculer le Mozambique dans le chaos, redoutent de nombreux experts.
Avant Noël, la plus haute Cour du pays avait confirmé un score de 65,17% des voix pour M. Chapo et seulement 24% pour M. Mondlane, ce que ce dernier conteste vivement, dénonçant une élection ‘volée aux Mozambicains’. ‘Venancio rentre et reprend l’initiative politique’, résume Eric Morier-Genoud, professeur à la Queen’s University de Belfast. ‘Son retour est risqué, mais encore plus pour le Frelimo’, ajoute-t-il.
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