Mondial-2014: Des experts du football jugent "minces" les chances du Cameroun avec un Collectif d’entraîneurs

Afriquinfos Editeur
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Tout d'abord, l'ancien entraîneur du Cameroun Jules Frédéric Nyongha déplore le manque de vision par lequel l'organisation du football brille dans ce pays qui a pourtant produit des légendes internationales, à l'instar du "vieux Lion" Roger Milla.

 "Le football camerounais, a-t-il souligné dans un entretien à Xinhua, est dans la navigation à vue. Nous sommes en train de faire un éternel recommencement sans véritable politique publique de développement du football".

 L'ancien coach démissionnaire après l'élimination des Lions indomptables de la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) de 1994 en Tunisie et la prestation peu honorable du Cameroun lors de la CAN 1996 jouée en Afrique du Sud est formel : les chances de réussite des quatre nouveaux entraîneurs nommés dimanche en renfort au sein des Lions indomptables pour le Mondial brésilien sont minces.

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Le directeur technique national Jean Manga Onguené et son adjoint Etienne Sockeng, l'ancien attaquant Bonaventure Djonkep, double champion d'Afrique avec le Cameroun en 1984 en Côte d'Ivoire et 1988 au Maroc, et le coach adjoint de l'équipe nationale junior Alexandre Belinga ont été désignés dimanche avec pour mission d'observer et d'analyser le comportement technique et tactique jusqu'à leur environnement, des futurs adversaires du Cameroun et de leurs individualités pendant leurs matches amicaux et officiels.

Selon les termes de la décision de leur nomination par le président du comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), Joseph Owona, le quatuor est tenu "de produire et de remettre à l'entraîneur sélectionneur un rapport d'analyse technique et les supports vidéos dès la fin de chaque mission d'observation". "Nous ne sommes plus dans la même configuration qu'en 1990 quand un collectif d'entraineurs composé de Manga, Kaham, Nyongha et Nepomniachi avait conduit le Cameroun en quart de finale de la Coupe du monde en Italie", juge Jules Nyongha pour qui en 1990, la sélection camerounaise était gérée de manière "collégiale" lors du Mondiale italien, une formule différente, selon lui, à la situation actuelle.

"En 1990, le Russe Valery Nepomniachi avait compris qu'il ne pouvait pas gérer seul l'équipe nationale. C'est ce qui avait fait la force du collectif. Je ne sais pas s'il règne cette osmose aujourd'hui. Le coach principal a viré deux membres de l'encadrement technique, à savoir les préparateurs physiques et psychologique", a par ailleurs regretté l'entraîneur Jules Nyongha.

Débarqué de la sélection nationale en 2007, après avoir qualifié le Cameroun pour la CAN Ghana 2008, il n'est toutefois pas le seul à émettre des réserves sur les chances de succès des nouveaux coaches nommés en renfort dans les Lions indomptables. "L'on peut se demander s'ils pourront disposer de tous les instruments modernes pour mener à bien leur travail. Observer un match de football de nos jours ne se résume plus à s'asseoir dans les gradins et prendre des notes. C'est désormais plus complexe et cela demande des moyens techniques assez pointus", note pour sa part Abdouraman Hamadou, président du club de deuxième division Etoile filante de Garoua et ex-chef de cabinet de l'ancien président de la FECAFOOT, Mohammed Iya.

De même, il pense que les coaches devraient éviter de confondre leurs rôles respectifs. "En principe, tel que cela est présenté, il n'y a aucune raison qu'ils fassent ombrage au sélectionneur Volker Finke", précise-t-il.

Pour Pierre Nouma, expert en management du sport, "la décision de nommer ces quatre techniciens camerounais en renfort sera contre-productive, nuisible, inappropriée en l'état actuel de l'organigramme des Lions indomptables et ce, jusqu'à ce que la FECAFOOT et le ministère des Sports se décident enfin de mettre en place un véritable organigramme dans l'encadrement technique".

Il soutient également que "les quatre techniciens ne sont pas outillés, pas formés, pas aguerris, pas compétents à ce jour à l'analyse vidéo et de la performance car l'époque de la supervision, de l'analyse, de l'observation des adversaires avec un stylo et un bloc-notes à la main assis dans une tribune dans un stade, ou une tablette à la main, est révolue". Dans ce contexte tendu, le Cameroun qui va prendre part à sa 7e Coupe du monde après Espagne-1982, Italie-1990, USA-1994, France- 1998, Corée-Japon-2002 et Afrique du Sud-2010, n'aura pas la tâche facile face à des adversaires redoutables du groupe A.

Le 13 juin, le Cameroun jouera son premier match contre le Mexique, quart de finaliste en 1970 et 1998. Surnommé "El Tricolor ou La Verde", le Mexique, 19e équipe au classement de la Fédération internationale de football association (FIFA), va participer à sa 15e phase finale de Coupe du monde.

Le 18 juin, le Cameroun (50e nation au classement FIFA) va ensuite affronter la Croatie, 20e équipe mondiale. Les Croates avaient été classés 3e (médaille de bronze) au Mondial français de 1998. Le 23 juin à Brasilia, les Lions indomptables, quadruples champions d'Afrique (1984, 1988, 2000 et 2002), rencontreront le Brésil, 6emondial, compte cinq titres de champion du monde remportés en 1958,1962, 1970, 1994 et 2002.

 A l'analyse du palmarès de ces équipes, tous les experts du football ont qualifié de "minces" les chances des Lions indomptables au Mondial brésilien.

 Emmenée par son attaquant vedette Samuel Eto'o, détenteur de quatre Ballons d'or africains (2003, 2004, 2005 et 2010), une médaille d'or olympique en 2000, deux Coupes d'Afrique des nations remportées en 2000 et 2002, et trois Ligues des champions d'Europe (2006, 2009 et 2010), la sélection camerounaise est aussi fragilisée par des clans formés depuis le Mondial sud-africain de 2010. Affaiblis par une défense poreuse et l'absence d'un véritable meneur de jeu, les Camerounais en reconstruction depuis quatre ans, ont manqué successivement les Coupes d'Afrique des nations Gabon- Guinée équatoriale-2012 et Afrique du Sud-2013.