La compagnie Hotelest Ltd, qui détient 51% dans les hôtels de Constance, vient d'annoncer cette semaine des pertes de 2,75 millions USD au premier semestre de l'année financière en cours.
Elle rejoint le groupe Sun Resorts Ltd qui avait affiché des pertes de 4,86 millions USD pour le deuxième trimestre de l' exercice financier 2012 et le New Mauritius Hotels (NMH), premier groupe hôtelier mauricien, avec 5,74 millions USD de pertes pour la même période.
Ce déficit, prévisible selon les hôteliers, reste toutefois très lourd à gérer. La marge pour un éventuel redressement est extrêmement faible en raison des problèmes d'ordre structurel auxquels fait face cette industrie.
Par ailleurs, les coûts financiers n'ont cessé de grimper passant de 4,7 millions USD à 5 millions USD entre le premier semestre 2011 et 2012. Des chiffres qui ne devront pas sortir du rouge, selon les responsables d'Hotelest, alors que l' environnement pour l'industrie hôtelière à Maurice est hautement compétitif.
"L'accès aérien est inadéquat et le taux de change est jugé défavorable par les promoteurs", écrivent les directeurs dans le rapport financier.
Une opinion partagée par la direction de Sun Resorts, deuxième groupe hôtelier de l'île , qui est d'avis que "la crise de la zone euro continue d'avoir des conséquences graves sur la performance d' ensemble du secteur hôtelier mauricien du fait que les arrivées touristiques de l'Europe ont beaucoup diminué comparativement à l' année précédente".
De plus, souligne le conseil d'administration du groupe hôtelier, la dépréciation de l'euro et du rand vis-à-vis de la roupie pendant le deuxième trimestre 2012 a eu un impact défavorable sur les revenus du groupe, même si un léger ajustement dans le taux de change de la roupie a été constaté pendant le mois de juillet.
Le troisième trimestre restera difficile vu qu'on ne prévoit pas de croissance importante dans les arrivées touristiques, cela considérant les conditions commerciales très dures prévalant dans les principaux marchés et des problèmes au niveau de la capacité aérienne.
Malgré les efforts déployés par la direction de Sun Resorts pour augmenter la part de marché du groupe hôtelier, la force de la roupie mauricienne et le coût du billet d'avion pour Maurice demeurent, pour le conseil d'administration, des "questions majeures".
"À moins que ces problèmes soient résolus, l'industrie va continuer à souffrir", ajoute-t-il.
De son côté, le groupe New Mauritius Hotels prévoit que les conditions commerciales difficiles, qui prévalent depuis plusieurs mois dans l'industrie hôtelière, vont se maintenir pour le reste de l'exercice financier du groupe qui prend fin le 30 septembre prochain.
Le premier groupe hôtelier mauricien, propriétaire de la marque Beachcomber, se basant sur la tendance actuelle des réservations et les conditions générales dans le marché touristique, anticipe pour 2011-2012 des résultats inférieurs à ceux de 2010-2011.
NMH anticipe une détérioration des conditions commerciales en raison des effets combinés d'un déséquilibre accru entre le nombre de sièges-avion et des lits dans les établissements hôteliers, des problèmes économiques auxquels les marchés porteurs font face et des taux de change défavorables.
"La destination mauricienne est prise dans une spirale descendante dangereuse. Elle paie le prix d'une braderie qui a transformé le pays en une Discount Destination avec perte d'identité, conduisant même les voyagistes à chercher d'autres destinations pour assurer leur croissance. L'heure est grave", fait ressortir Herbert Couacaud, Chief Executive Officer du groupe.
Le groupe dénonce la politique de suppression des dessertes aériennes par la compagnie Air Mauritius sur l'Europe et prévoit une baisse dans le nombre d'arrivées touristiques pour la seconde moitié de cette année.
"Sur les marchés où Air Mauritius a supprimé ses vols directs, soit l'Allemagne, l'Italie et la Suisse, et qui représentent 60, 000 places, nous constatons, à travers nos prises de réservations, une baisse dès ce mois-ci. Tout porte à croire que cette tendance ira en s'accentuant", laisse entendre le directeur commercial du groupe, Robert de Spéville.
Pour les différents groupes hôteliers, il se dégage une unanimité que l'industrie touristique fait face à des perspectives sombres exigeant un véritable sursaut de la part des décideurs.
Mais du côté de l'Autorité de la promotion du tourisme de Maurice (MTPA),l'on maintient que la politique qui est pratiquée est la bonne même si les chiffres disent le contraire.
Robert Desveaux, président de la MTPA assure que le récent Shopping Fiesta et le carnaval de Maurice annoncent un avenir meilleur pour le tourisme mauricien.