Washington (© 2025 Afriquinfos)- Nommé le 2 avril 2025, comme Conseiller Afrique de Donald Trump, Massad Boulos a effectué sa première tournée africaine qui l’a conduit successivement en République démocratique du Congo (RDC), au Kenya, en Ouganda puis au Rwanda. L’homme d’affaires d’origine libanaise n’a pas été dépaysé sur le continent africain qu’il connaît plutôt bien. L’homme a effet bâti sa fortune au Nigeria en Afrique de l’Ouest où il est à la tête d’un groupe automobile et industriel.
Le nouveau Monsieur Afrique de l’administration américaine, né au Liban dans une famille grecque orthodoxe, n’est pas un inconnu en Afrique où il a de solides attaches dans le monde des affaires. Cet entrepreneur de 54 ans a bâti sa fortune principalement grâce au groupe SCOA, un conglomérat automobile et industriel nigérian dont il était le PDG. Sa longue carrière dans les affaires, principalement centrée au Nigéria, lui a valu d’être une figure influente dans les milieux économiques et politiques du pays.
Sa famille est basée au Nigeria. « Ce qui distingue la famille Boulos, ce n’est pas seulement sa résidence en Afrique, mais son intégration authentique dans ses sociétés. Ils font partie intégrante des communautés avec lesquelles ils interagissent, et ce lien confère un poids considérable à leur rôle dans la diplomatie africaine. Massad n’est pas le seul à avoir adopté ce lien culturel profond ; ses enfants aussi ont été élevés dans une compréhension intime de la vie africaine. Tous parlent les dialectes nigérians locaux, un savoir qui dépasse les connaissances superficielles. Une telle aisance culturelle est rare, surtout chez ceux qui ont voyagé entre plusieurs continents. Pour la famille Boulos, l’Afrique est leur foyer, et cela transparaît dans leurs interactions, leur compréhension des enjeux locaux et leur capacité à communiquer sur des sujets non seulement politiques, mais aussi personnels », précise Yassin K Fawaz, un dirigeant d’entreprise américain, éditeur et expert en sécurité et en terrorisme.
En effet, sa femme, Sarah Fadoul Boulos, est la fondatrice de la Société des arts du spectacle au Nigeria (SPAN). Ensemble, ils ont un 4 enfants dont l’un Fares, connu sous le nom de « Oyinbo Rebel » est un créateur de contenus très populaire dans le pays, maniant le Yorouba, l’une des langues locales aussi bien que certains natifs de Lagos.
Mais c’est autre fils Michael Boulos, marié à Tiffany, la fille de Donald Trump, qui lui vaut d’être aujourd’hui bien placé dans les arcanes du pouvoir aux States. De plus, le gendre du président américain est également d’origine nigériane, et toute la famille Boulos possède la nationalité nigériane. « Ce lien avec le continent africain n’est pas seulement symbolique ; il est ancré dans le vécu, la famille de Massad possédant une connaissance approfondie de la société et de la culture nigérianes. Ce lien personnel renforce la capacité de Massad Boulos à nouer des relations avec les dirigeants africains, à aborder les questions sensibles et à défendre des politiques respectueuses de la souveraineté du continent » indique Yassin K Fawaz qui ajoute que « L’expérience de Massad Boulos en Afrique lui permet d’interagir d’une manière qui transcende le regard extérieur habituel. Cette expérience vécue lui sera précieuse dans son rôle, car elle garantit que son approche de la diplomatie africaine repose sur le respect et l’authenticité, et non sur une simple stratégie géopolitique ».
Mais le profil de Massad Boulos ne fait pas l’unanimité. « Massad Boulos est vraiment un personnage louche », tranche Scott Lucas, professeur de politique internationale au Clinton Institute de l’Université de Dublin, interrogé par RFI. « Il a laissé entendre – ou affirmé – qu’il dirigeait un empire de plusieurs milliards, alors qu’il gère en réalité une entreprise de camions au Nigeria, valorisée à moins d’un million de dollars. »
Autre source de scepticisme : son parcours. « Cette idée qu’il serait un brillant avocat ? Il n’a même jamais fait d’études de droit. Aucune formation juridique. Aucun passé diplomatique non plus. » Et pourtant, poursuit l’analyste, « on le présente comme l’homme capable de résoudre un conflit aussi complexe que celui entre Israël et le Liban. Ce n’est tout simplement pas crédible. » Mais quand on sait que Donald Trump privilégié la loyauté et les liens familiaux, il ne sera pas trop regardant sur le background pas trop réluisant du père de son gendre.
Boniface T.
