Massacre de Ndébélé en 1983: Vers des réparations financières pour curer ce différend

Afriquinfos Editeur
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Des manifestants devant le tribunal de Bulawayo au Zimbabwe le 1er juillet 2025.

Un tribunal zimbabwéen a rejeté mardi, 1er juillet 2025 le recours d’un parti d’opposition visant à bloquer les audiences très attendues sur un massacre perpétré dans les années 1980 par une unité de l’Armée zimbabwéenne.

Le massacre dit de Gukurahundi a eu lieu en 1983,sous l’ancien dirigeant Robert G. Mugabe, quelques années après l’indépendance du Zimbabwe vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Selon la Commission catholique pour la justice et la paix au Zimbabwe et Amnesty International, environ 20.000 personnes ont été tuées sur plusieurs années, lorsque M. Mugabe a déployé une unité d’élite dans le Matabeleland (sud-ouest), bastion de son rival Joshua Nkomo et terre des Ndébélés, une minorité ethnique du pays.

Le Président Emmerson Mnangagwa (DR)

L’actuel Président Emmerson Mnangagwa avait annoncé il y a un an la tenue d’audiences d’anciens survivants dans les villages pour apaiser les tensions persistantes dans une région qui se sent marginalisée par Harare et par la majorité ethnique shona. Ces audiences devaient débuter à la fin du mois de juin mais ont été reportées. Le recours visant à faire annuler le processus était mené par le fils du défunt Joshua Nkomo, dont les partisans auraient été pris pour cible lors du massacre.

Sibangilizwe Nkomo, dirigeant du parti d’opposition ZAPU, a déclaré que sa formation rejetait ce processus et réclamait un dialogue direct avec le parti au pouvoir, la ZANU-PF. Les audiences, censées débuter la semaine dernière, devaient être menées au niveau des villages par des chefs traditionnels.

Emmerson Mnangagwa, Président du Zimbabwe (DR, @southchinamorning)

« Nous voulons arrêter ce processus car il ne peut pas être dirigé par les chefs », a déclaré M. Nkomo à la presse devant le tribunal. « En tant qu’organisation pacifique, nous continuerons de rechercher le dialogue. Nous voulons un dénouement pacifique de cette affaire », a-t-il ajouté. « Nous voulons justice pour les personnes tuées… les femmes violées. » Le tribunal de Bulawayo (sud-ouest) a rejeté la requête, estimant qu’elle n’était pas urgente et aurait pu être déposée plus tôt, a indiqué à l’AFP l’avocat du parti, Vuyo Mpofu.

« Notre argument est que nous laissions une chance au dialogue avec le Gouvernement », a-t-il expliqué. Les audiences devraient aboutir à un rapport susceptible de recommander des réparations financières. Lors du massacre, M. Mnangagwa était ministre de la Sécurité. Quant à Robert Mugabe, décédé en 2019, il n’a jamais reconnu sa responsabilité, qualifiant les preuves recueillies par Amnesty International de « tas de mensonges ».

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