Mali : Rétropédalage au sujet de l’ouverture officielle des négociations avec les jihadistes ?

Afriquinfos Editeur
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Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga lors d'un entretien avec l'AFP à New York le 26 septembre 2021.

Bamako (© 2021 Afriquinfos)– Les autorités maliennes n’ont officiellement donné mandat à qui que ce soit pour négocier avec les groupes jihadistes. C’est ce qui ressort d’un communiqué de la Primature malienne publié jeudi dernier alors même que quelques jours plus tôt, des membres du Haut Conseil islamique ont évoqué le sujet et indiqué qu’une mission préparatoire avait été lancée.

De toute évidence les autorités maliennes n’ont pas accordé leurs violons sur la question des pourparlers à engager ou non avec les groupes jihadistes qui contrôlent une partie du pays. En témoignent, le démenti apporté par la Primature alors même que le ministre des Affaires religieuses et du culte, Mamadou Koné et certains cadres du Haut Conseil islamique, ont reconnu que des démarches étaient entreprises dans l’optique de nouer des contacts avec les leaders de groupes jihadistes.

Si ces derniers ne parlent pas directement de négociations, ils évoquent une mission des bons offices pour amorcer le dialogue avec Iyad Ag Ghaly, du GSIM, et Amadou Koufa de la Katiba Macina, la Primature malienne dément pour sa part toute initiative. Dans son communiqué Choguel Maïga, fait savoir qu’« aucune organisation nationale ou internationale n’a été mandatée officiellement ».  Mieux, le gouvernement malien soutient que c’est par voie de presse qu’il a appris l’entame de négociations avec les groupes terroristes. Un rétropédalage des plus inattendus si on se réfère aux démarches entreprises au nom du gouvernement par le ministre des Affaires religieuses et du culte, Mamadou Koné. Celui-ci s’était notamment déplacé au Haut Conseil Islamique (HCI), la semaine dernière, pour expliquer la mission de bons offices confiée à son département « par les plus hautes autorités », et dont il transmettait « le portage pratique », la mise œuvre sur le terrain, au Haut Conseil islamique.

Tout en démentant une démarche officielle, les autorités maliennes de Transition reconnaissent qu’il existe une initiative de « bonnes volontés » qu’elles saluent d’ailleurs.

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Aussi ce rétropédalage suscite des interrogations. Le Mali en ouvrant des négociations avec des jihadistes ne voudrait-elle pas créer un autre front avec la France avec laquelle il est déjà en froid en raison de son supposé rapprochement avec le groupe Wagner. On le sait, Paris est opposé à toutes négociations avec des terroristes. Serait-ce alors des dissensions au sein même du gouvernement malien ? La prochaine sortie des autorités maliennes sur le sujet est très attendue.

S.B.