Mali/Retrait des FAMa du camp de Boulkessi: Version de Bamako et des témoins

Afriquinfos Editeur
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Des soldats maliens en patrouille sur la route entre Mopti et Djenne, le 28 février 2020.

L’Armée malienne s’est retirée vendredi, 06 juin 2025 d’un de ses principaux camps militaires dans le centre du pays, après deux attaques attribuées à des jihadistes ayant coûté la vie à des dizaines de soldats en quelques jours dans un contexte de recrudescence des violences au Sahel, selon des sources militaires et des autorités locales.

Une nouvelle attaque contre le camp de Boulkessi (centre) ce 05 juin a coûté la vie à plusieurs militaires, selon un élu local joint par l’AFP, qui affirme que « les derniers militaires maliens qui étaient dans le camp l’ont abandonné ». Dimanche, 1er juin 2025, au moins 30 soldats avaient été tués dans ce même camp, selon des sources sécuritaires et locales, dans une attaque revendiquée par le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, de son acronyme en arabe). Le bilan pourrait être plus lourd, selon des sources sécuritaires.

Carte du mali localisant Tombouctou.

Le JNIM a affirmé avoir tué « plus de 100 éléments de l’Armée malienne et ses mercenaires » lors de cette attaque et saisi des véhicules, des armes et des munitions, dans un message publié sur sa plateforme de propagande Al-Zallaqa. La communication a été authentifiée ce 03 mai 2025 par SITE (ONG américaine spécialisée dans le suivi des groupes radicaux). Ce retrait du camp de Boulkessi est « stratégique » et « tactique », ont assuré des sources sécuritaire et militaire contactées par l’AFP. « A la demande de la hiérarchie, les FAMa (Forces armées maliennes) présentes dans le camp de Boulkessi ont quitté (les lieux). Ce vendredi, 06 juin, il n’y a plus aucun soldat sur place », a précisé la source sécuritaire.

« Nous sommes ici à Boulkessi inquiets, très inquiets », a réagi un fonctionnaire local. « Ils (les militaires) sont partis avec toutes leurs affaires. Le camp a été attaqué hier. Il y a eu des morts ». Face à une recrudescence des attaques attribuées aux jihadistes, plusieurs régions du pays ont instauré ou étendu des couvre-feux, comme celles de Tombouctou (nord), Ségou (centre), Dioïla (centre) et Sikasso (sud), alors que le Mali célèbre ce 06 juin 2025 la grande fête musulmane de la Tabaski.

L’état-major a fait état d' »une recrudescence des attaques lâches et barbares contre des localités, des paisibles populations ainsi que des emprises militaires du Mali et de la Confédération AES » (Alliance des États du Sahel, organisation formée du Mali, du Burkina et du Niger), dans un communiqué diffusé ce 05 juin 2025.

Des hommes armés ont attaqué ce 05 juin un poste de sécurité militaire à Mahou, dans le sud du pays, faisant cinq morts et 10 blessés. Des sources locales ont attribué l’attaque à des jihadistes. Lundi, 02 juin, un assaut coordonné avait aussi visé un camp militaire de Tombouctou ainsi que l’aéroport de la ville. Le Mali est en proie depuis 2012 aux violences de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et et à l’État islamique (EI), et de gangs communautaires. En 2012, Tombouctou avait vécu plusieurs mois sous le joug des jihadistes.

© Afriquinfos & Agence France-Presse