Mali/Complexe minier de Loulo-Gounkoto: Barrick Gold prête à poursuivre la voie de l’arbitrage international

Afriquinfos Editeur
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Des responsables de Barrick Gold (DR)

Les autorités maliennes ont fermé les bureaux du groupe minier canadien Barrick Gold à Bamako mardi 15 avril 2025 pour « non-paiement d’impôts » d’après les services fiscaux maliens, dernier épisode d’un bras de fer que se livrent l’industriel et l’Etat malien.

Le géant minier et Bamako sont en conflit depuis des mois à propos du complexe de Loulo-Gounkoto (ouest), un des plus importants gisements aurifères au monde, détenu à 80% par le groupe minier et à 20% par le Mali. Au nom de la souveraineté économique du pays, le Mali a réformé son Code minier en 2024 et réclame des centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts à Barrick Gold. Les services des impôts de Bamako ont fermé les bureaux de Barrick Gold à Bamako pour « non paiement d’impôts », a indiqué à l’AFP une source des services fiscaux maliens, sous couvert d’anonymat.

L’or contribue à un quart du budget national du Mali.

« Des services de l’Etat ont aggravé la situation en fermant les bureaux de Barrick à Bamako et en menaçant de placer la mine de Loulo-Gounkoto sous administration provisoire », a dénoncé le groupe canadien dans un communiqué mardi 15 avril 2025.

– Nouveau Code minier –

« Le Mali a adopté un nouveau Code minier en 2024 et voudrait y assujettir les sociétés minières presque avec effet rétroactif. C’est ce sur quoi les discussions achoppent », a expliqué à l’AFP un conseiller au ministère malien des Mines. Les activités d’extraction à Loulo-Gounkoto sont suspendues depuis la saisie en janvier 2025 de trois tonnes d’or sur le site par les autorités maliennes. La junte empêchait déjà Barrick Gold d’exporter l’or du site, et quatre employés maliens de la compagnie sont en détention depuis novembre 2024. Les autorités maliennes ont émis en décembre 2025 des mandats d’arrêt nationaux contre le PDG sud-africain de la compagnie et le directeur général malien du complexe pour « blanchiment de capitaux ».

– Accord « entravé » –

Le groupe canadien a affirmé dans son communiqué mardi 15 avril qu’un accord avait été « négocié et accepté par le Ministère de l’Economie et des Finances en février 2025 sous réserve d’être signé par le Gouvernement ». Selon Barrick Gold, 85 millions de dollars ont déjà été versés à l’Etat malien en octobre 2024 « dans le cadre des négociations en cours ».

« Cette signature semble désormais entravée par un petit groupe d’individus qui placent leurs intérêts personnels ou politiques au-dessus des intérêts à long terme du Mali et de son peuple », dénonce le géant minier. « Depuis 2024, l’Etat est dans un bras de fer avec les majors qui produisent l’or au Mali. Barrick, comme les autres, sont accusés d’avoir ouvert des comptes offshores, ce que la législation permet. Malgré tout, nous avons accepté de transiger et de payer. Mais, l’Etat monte les enchères, on demande à Barrick de payer des frais de justice de plus de 15 milliards de Francs CFA (23 millions d’euros) », a expliqué à l’AFP une source proche de Barrick.

L’entreprise affirme continuer à « rechercher une solution constructive » mais « reste prête à poursuivre la voie de l’arbitrage international et les voies de droit dont elle dispose ». L’or contribue à un quart du budget national du Mali. Le pouvoir de Transition au Mali a fait de la lutte contre la corruption et de la restauration de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles ses mantras.

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