Organisée par cette entité, l'Unicef-Madagascar, en partenariat avec les ministères de la Justice, de la Population malgache ainsi que le Réseau National de Protection des Droits des Enfants, cette campagne de plaidoyer a pour but de décrire la problématique del'abandon des jumeaux, de mettre un terme à la marginalisation de ces enfants et de leurs familles et de lutter contre leur vulnérabilité socio-économique.
A Mananjary, à 450 kilomètres d'Antananarivo, la capitale malgache et précisément chez l'ethnie Antambahoaka, la ville est connue pour le « fady kambana », ou « tabou des jumeaux », où on met à l'écart des autres membres de la famille les jumeaux.
Cette pratique date d'il y a plusieurs années, au temps des ancêtres, où, selon les coutumes et traditions, une malédiction frappe les jumeaux et ses parents biologiques, si les deux enfants sont élevés ensemble. Alors, les parents laissent et abandonnent l' un des enfants, soit dans la rue, soit le long du canal des Pangalanes qui passe près de la ville de Mananjary, pour éviter ces malédictions des ancêtres.
Une mère de famille qui ne voulait pas suivre cette tradition de son ethnie est obligée de déménager, de quitter la région et de vivre loin de la ville. En même temps, elle décide également de renoncer à l'accès au « Tragnobe », une sorte de maison des chefs coutumiers où les grandes décisions sur les lignées Antambahoaka sont prises, a précisé le communiqué du PNUD.
Selon cette entité, l'implication des leaders locaux, des chefs coutumiers, et des chefs de clan est très importante pour l' éradication de cette pratique ancestrale. Mettre fin à cette coutume nécessite l'apport de tous, a-t-on précisé.
La réinsertion familiale et communautaire des jumeaux et des mères biologiques, la redynamisation d'un réseau local de protection des enfants ainsi que la validation d'un pla nd'action pour cette réinsertion ont été les maîtres mots de la campagne de plaidoyer.
Le représentant résident del'Unicef, Steven Lauwerier, a rappelé lors de cette campagne qu'une localité de Mananjary, dénommée Fanivelona , a pu abolir le tabou grâce à la coopération des autorités, de la communauté, des chefs traditionnels et des familles, il y a 30 ans de cela. « 45 individus nés jumeaux y vivent en harmonie actuellement, sans avoir jeté aucune malédiction sur leurs parents biologiques, ni sur leur communauté» a-t-on rapporté.
La Coordinatrice résidente du Système des Nations Unies et Représentante résidente du PNUD, Fatma Samoura a, quant à elle, soutenu que tous les enfants de Mananjary, sans exception, méritent un avenir meilleur.