Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana, Didier Ratsiraka : ces noms, on les connaît par cœur à présent. Ces trois candidats à la présidentielle malgache, qui se fait espérer depuis si longtemps, étaient éminemment controversés, et ce pour différentes raisons. La communauté internationale appelait unanimement à leur éviction du scrutin.
Samedi 17 août, la Cour électorale spéciale (CES) a enfin fait le grand saut dans le vide, rayant définitivement leurs noms de la liste des présidents potentiels malgré les opinions extrêmement diverses sur la question. Il faut dire qu’à eux trois, ils détiennent une bonne moitié du corps électoral, étant des figures certes controversées, mais néanmoins populaires.
Rajoelina, le président de transition, a été écarté pour dépôt de candidature « hors du délai imparti ». Pour l’ex-première dame Lalao Ravalomanana, il s’agissait de « non-respect des conditions légales pour être éligible ». L’ex-chef d’Etat Ratsiraka, quant à lui, a été éliminé des listes au motif de « non-respect du délai de six mois de résidence physique à Madagascar » – un motif également évoqué pour l’épouse de Marc Ravalomanana.
Sauvetage ou naufrage ?
La décision que tous attendaient ou redoutaient est donc enfin tombée, et les réactions ne se sont pas fait attendre. D’un côté, la communauté internationale au grand complet ainsi que de nombreux Malgaches ont salué bien bas le « courage » de la CES. « Ils ont réussi là où leurs prédécesseurs ont échoué » commente notamment le Pays, journal du Burkina.
En face, une multitude de citoyens de la Grande île ne chantent pas du tout la même chanson. Beaucoup comptaient sur ces candidats, et un boycott des élections pourrait être à craindre. Les trois figures politiques avaient jusqu’à hier soir pour présenter un remplaçant ; or, aucun d’eux ne l’a fait, abstention qui exprime clairement leur désaccord avec la décision de la CES.
Une île sur le fil du rasoir
Que va-t-il donc advenir de Madagascar ? Les trois célèbres candidats étaient considérés comme les principaux acteurs de la crise actuelle. Leurs candidatures posaient un problème énorme ; mais, et si leur retrait remettait de l’huile sur le feu, au lieu d’apaiser les choses ?
Pour certains, l’optimisme est de mise. Mais beaucoup redoutent une montée des violences et l’impossibilité de sortir du blocage dans lequel le pays s’est profondément enlisé. Le contexte actuel, sans le moindre doute, est particulièrement tendu, et chacun retient son souffle en attendant de voir comment vont tourner les événements.
Une chose au moins est certaine : du point de vue juridique, la décision devait être prise. Après une succession de coups d’Etats et de faits de corruption, serait-ce enfin un pas vers une République de Madagascar plus stable et plus transparente ?
Afriquinfos