New-York (© 2024 Afriquinfos)- Quatre pays dans la sous-région ouest-africaine, notamment la Mauritanie, le Sénégal, le Ghana et le Libéria émettent des succès remarquables en termes de pratiques démocratiques, témoignant de la résilience et de l’engagement envers la gouvernance démocratique. C’est le point de vue exposé par l’Envoyé spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
Dans son exposé devant les membres du Conseil vendredi 12 juillet 2024, Leonardo Santos Simão, Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a noté que la Mauritanie vient d’organiser une élection présidentielle dans les délais constitutionnels.
Aussi, a-t-il souligné qu’au Sénégal, des institutions solides ont résolu une crise politique, «ouvrant la voie à l’élection d’un dirigeant jeune, portant l’espoir de changement prôné par la jeunesse de toute la région».
Au Ghana, après avoir organisé des primaires renforçant la démocratie interne des partis politiques, le pays se prépare à un autre scrutin pour élire son prochain Président, l’actuel Chef de l’État ayant atteint la limite constitutionnelle de deux mandats, a également mis en avant l’émissaire onusien.
Et de conclure qu’au Libéria, un nouveau Gouvernement a succédé sans heurt à l’exécutif du Président George Weah. Santos Simão a fait l’éloge de ces pays champions en pratique démocratique, tout en regrettant, qu’ailleurs dans la région, l’espace politique et civique continue de se réduire dans d’autres pays, en particulier dans les Etats en Transition. L’envoyé de l’ONU a souligné que «l’espace politique et civique continue de se réduire, en particulier dans les pays en transition (Guinée, Mali, Burkina Faso et Niger). Les régimes de Transition ont retardé le retour à l’ordre constitutionnel, faisant craindre une incertitude prolongée», a-t-il ajouté.
Il a en outre rappelé que l’Afrique de l’Ouest est en proie à des défis profonds: une insécurité croissante, une aggravation des crises humanitaires, et un manque de coopération suffisante entre les États pour aborder efficacement ces défis, notamment en matière de sécurité.
La situation socio-économique reste aussi préoccupante, avec une croissance ralentie exacerbée par ces instabilités politiques et sécuritaires. En raison de l’insécurité, environ sept millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leurs pays ou ont fui au-delà des frontières. Des millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire. Les populations font face à l’absence d’électricité, à la fermeture des centres de santé et à l’interruption d’autres services. Par ailleurs, plus de 8.000 écoles restent fermées.
Alors que des organisations de défense des droits humains font état d’exactions contre des civils, de nouvelles législations et politiques ont limité les libertés civiles dans les pays en Transition, les allégations de violations des droits humains enracinant les clivages communautaires, a-t-il estimé. Selon lui, ces problèmes sont exacerbés par des relations tendues entre certains États membres et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
L’appel de l’UNOWAS aux pays de l’AES à ne pas renoncer à la CEDEAO
Le chef de l’UNOWAS a relevé que les Gouvernements des trois États du Sahel central continuent d’affirmer que la CEDEAO ne sert plus leurs intérêts, et ont en conséquence réduit leur participation aux mécanismes régionaux de coopération en matière de sécurité, alors même que le terrorisme et la criminalité transnationale organisée restent une menace omniprésente, et se propagent davantage aux pays côtiers. ‘’Renoncer à la CEDEAO implique de renoncer aux principaux avantages du régionalisme de la CEDEAO que sont l’intégration régionale, la liberté de circulation, la coopération en matière de sécurité et une économie régionale intégrée. Cela se ferait au détriment des deux parties’’, a-t-il averti.
Il s’est félicité dans ce sens de l’approche de la CEDEAO, qui vise à faciliter une approche plus vigoureuse de ses engagements avec les trois pays, notamment à travers la récente désignation du Président Bassírou Diomaye Diakhar Faye du Sénégal en tant que facilitateur, en collaboration avec le Président Faure Essozimna Gnassingbé du Togo. Leonardo Santos Simão a appelé la CEDEAO et les dirigeants régionaux pour qu’ils accordent la priorité à la solidarité et la préservation de l’unité régionale en Afrique de l’Ouest.
Vignikpo Akpéné