L’UE accorde 2,5 millions d’euros d’aide aux victimes de l’explosion du 4 mars à Brazzaville

Afriquinfos Editeur
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L'explosion a causé la mort de 200 personnes et plus de 1.000 blessés.

Dans une communication faite devant les ambassadeurs de Belgique, France, Italie, de la Commission européenne au Congo, des représentants de l'Office humanitaire de la Commission européenne (ECHO), de l'ONG Mines Advisory Group (MAG), spécialisée dans les opérations de déminage et de dépollution, de la Croix-Rouge française, du Service anti-mines des Nations Unies, M. Van Opstal a fait savoir que cette évaluation financière ne prend pas en compte l'intervention des équipes médicales qui n'a pas été quantifiée ni celle des entreprises pétrolières opérant dans le pays, entre autres, Eni, Total, Chevron, CONGOREP qui ont donné des réponses adaptées sur place.

L'UE, a-t-il dit, intervient surtout grâce à son action humanitaire (par l'intermédiaire d'ECHO, l'organe de la Commission européenne chargé de l'aide humanitaire et de la protection civile) . Ainsi, suite à l'évaluation des besoins, aux discussions avec ses partenaires et en coordination avec les autres bailleurs, ECHO a pris la décision, aujourd'hui, de débloquer une aide d'urgence de 1 million 250.000 euros pour accorder deux subventions à ses partenaires, a-t-il indiqué à cette occasion.

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Cette assistance comprend 650.000 euros pour une subvention à MAG afin de contribuer à la dépollution du site et sensibiliser les populations (sur une durée de 6 mois) et ainsi réduire le risque d'accident. Les autres 600.000 euros concernent une subvention à la Fédération des Croix Rouges Internationales pour apporter un soutien aux déplacés (notamment dans les domaines de l' eau, assainissement, hygiène, enregistrement des déplacés, gestion des sites, et restaura ration des moyens de subsistance des ménages), a précisé l'ambassadeur de l'UE.

Les trois Etats membres de l'UE présents au Congo, à savoir la France, l'Italie et la Belgique, ont déjà pris, à titre individuel, une série de mesures de première urgence, souligne un communiqué de presse lu à cet effet.

La France, par l'intermédiaire de son ambassade au Congo, son dispositif militaire ainsi que le Centre de crise du ministère des affaires étrangères et européennes, a livré et installé 59 tentes destinées à l'accueil des déplacés dans les centres mis en place par le gouvernement, ainsi que 2,5 tonnes de matériel médical et médicaments à destination des hôpitaux.

En outre, une équipe médicale composée de 22 missionnaires a été dépêchée sur place en renfort du personnel congolais. Elle a également envoyé une mission de huit personnels militaires pour le déminage de la zone, a notamment signifié l'ambassadeur français, Jean-François Valette.

De son côté, l'Italie a accordé une subvention de 50.000 euros à la Fédération des Croix Rouges internationales, livré 30 tentes de la Protection Civile Italienne, capables d'abriter 300 personnes et remis 50 matelas, 500 kg de denrées alimentaires et biens de premières nécessités, a confié son ambassadeur au Congo, Nicolo Tassoni.

Quant à la Belgique, elle a déployé une équipe médicale d' urgence à l'hôpital de Makélékélé, dans le premier arrondissement de Brazzaville, ainsi qu'auprès des personnes déplacées à la Place Mariale de la Cathédrale Sacré-Coeur et a envoyé un cargo de matériel médical.

La phase d'urgence étant terminée, la Belgique va continuer son assistance au Congo dans le cadre de la coopération bilatérale ou multilatérale, a souligné le diplomate belge, Herman Merkx.

Par ailleurs, de nombreuses ONG et entreprises privées européennes se sont mobilisées durant toute la semaine qui a suivi le drame pour livrer du matériel médical, envoyer des équipes médicales ou faire des dons de denrées alimentaires, ajoute le communiqué.

Grâce à un financement européen, la République du Congo a pu immédiatement bénéficier de l'expertise de l'ONG britannique Mines Advisory Group (MAG) qui est actuellement financée par l'UE au Congo pour la dépollution en matière explosive du site de la poudrière de Maya-Maya vers l'aéroport (un dépôt de munition y avait explosé en 1997).

En effet, des fonds de ce projet ont été réalloués immédiatement afin de permettre à l'ONG MAG de commencer dès le 6 mars à sensibiliser les populations, et dès le 7 mars à assister les Forces Armées Congolaises (FAC) à délimiter la zone à risque et démarrer l'évaluation du site, a-t-on appris à cette occasion.

A ce sujet, la responsable de MAG, Julie Claveau, a indiqué que cette ONG procède actuellement à la formation et au déploiement des équipes de coordination qui sont au nombre de neuf, et de deux techniciens pour la dépollution de la zone du drame.

Intervenant sur ce point, le spécialiste anti-mines des Nations Unies, Charles Frisby, a rassuré que le programme de dépollution est en cours, mais il prendra assez de temps, précisant que "la zone au centre du problème est sécurisé et les engins non explosés ne vont pas exploser". Aussi a-t-il lancé un appel à la population à ne pas y toucher.

"La zone ne présente pas un grand risque sur la santé des populations, ce risque est beaucoup négligeable, contrairement à l' environnement qui nécessite d'être nettoyé", a-t-il déclaré.

Selon le communiqué, le gouvernement congolais a accepté la proposition de la Commissaire européenne aux affaires humanitaires, d'activer le Mécanisme européen de protection civile (le MIC, qui dépend aussi de ECHO). Il a été décidé de travailler en complémentarité avec d'autres acteurs, en particulier l'équipe du système d'évaluation et de coordination des catastrophes des Nations Unies (UNDAC) qui travaille avec le gouvernement sur la gestion de la crise actuelle. Cette équipe comporte d'ailleurs un membre associé de l'UE, expert MIC.

Dans ce cadre, une mission de quatre experts en protection civile arrivera le 16 mars à Brazzaville, afin de réaliser une première évaluation des capacités existantes des services d'urgence de la République du Congo et formuler des recommandations visant à améliorer leur capacité de réaction et de réponse. L'action future de la Commission européenne au Congo Brazzaville s'inscrira dans le sillage de ce travail d'urgence mené par ECHO pour qu'une telle catastrophe ne puisse se reproduire, souligne-t-on.

L'engagement du gouvernement congolais pour apporter une réponse rapide et adéquate à cette catastrophe est essentiel. Une des premières priorités est de sécuriser complètement le site dans les plus brefs délais.

A ce titre, l'UE accueille positivement l'engagement du gouvernement à indemniser les victimes de cette catastrophe et espère que des financements nécessaires et conséquents pourront être débloqués à temps pour assurer le soutien continu aux déplacés et la reconstruction de la zone dévastée.

"Il est urgent de travailler à l'identification de sites d'accueil alternatifs et/ou additionnels pour les déplacés puis à la relocalisation de certains des sites actuels de manière à ce que l'aide humanitaire multiforme puisse y être acheminée, et surtout à garantir des conditions sanitaires et d'hébergements répondant aux standards internationaux, tout en évitant au maximum les risques de dégradation de la santé et de la sécurité publiques ", poursuit l'UE.

Enfin, l'Union européenne salue la mise en place par le président de la République du Congo, Denis Sassou-N'guesso, d'une Commission d'enquête pour connaître l'origine de l'accident. Ceci est essentiel, notamment pour prévenir d'autres catastrophes de ce type.

"Nous nous félicitons de l'information donnée par le gouvernement selon laquelle il n'y aurait aucun dépôt enfoui. Nous espérons que des mesures concrètes seront prises très prochainement afin de faire une évaluation et si besoin sécuriser les autres dépôts du pays qui seraient à risques, en particulier ceux de Pointe-Noire, Ouesso, Owando et Dolisie ainsi que s'assurer qu'il n'y ait plus aucun dépôt situé en zone habitée", ont conclu les quatre chefs de mission de l'UE à Brazzaville.