Moscou (© 2022 Afriquinfos)- Après avoir reçu l’assurance du président Vladimir Poutine que la Russie n’attaquerait pas, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, a appelé jeudi au déminage du port ukrainien d’Odessa pour permettre les exportations.
Reçu le 3 juin 2022 par Vladimir Poutine, lMacky Sall a dit être «rassuré» de ces entretiens, selon ses mots. Il a affirmé être «optimiste» malgré l’absence de progrès accomplis depuis lors pour un passage des cargaisons. «Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas d’élément me permettant de contredire» les assurances de Moscou selon lesquelles la Russie ne s’opposerait pas à la sortie du blé ukrainien par Odessa si les eaux étaient déminées.
«Je lui ai même dit : « Les Ukrainiens disent que s’ils déminent, vous rentrez dans le port. Il dit [que], non, il ne va pas rentrer, et ça, c’est un engagement qu’il a pris », a-t-il déclaré en parlant du président Poutine. «Je suis rassuré, je demeure optimiste, et je suis d’autant plus rassuré que ce qu’il m’a dit devant Moussa Faki [président de la Commission de l’UA], son ministre des Affaires étrangères [Sergueï Lavrov] l’a rappelé avant-hier, à Istanbul. La Russie s’engage, si le déminage des eaux du port d’Odessa est assuré, si les conditions de contrôle des bateaux sont faits, elle ne posera aucun acte pour la sortie du blé ukrainien», a poursuivi le dirigeant sénégalais.
Cependant M. Sall a réfuté les allégations selon lesquelles Poutine conditionnerait toute sortie du blé et des engrais ukrainiens à la levée, par les pays occidentaux, des sanctions contre son pays. «Non, non, pas du tout. Ça, ce n’est pas conditionné aux sanctions contre la Russie », a-t-il lancé. «Il faut maintenant travailler à ce que le déminage soit fait, que l’ONU s’implique – et toutes les parties prenantes – pour qu’on démarre à sortir le blé ukrainien», a-t-il souligné.
Il a tenu d’autre part à préciser que l’exigence de la levée des sanctions occidentales concernait plutôt les produits en provenance de la Russie. Très dépendante des importations de céréales ukrainiennes et russes mais aussi de fertilisants essentiels pour son agriculture peu productive, le continent «sera dans une situation de famine très sérieuse qui pourrait déstabiliser le continent», sans la reprise des exportations selon Macky Sall.
Levée des sanctions russes demandée
Lors d’une rencontre ce vendredi 10 juin 2022 avec son homologue Emmanuel Macron en France Macky Sall devra demander la levée de sanctions européennes contre la Russie, en particulier l’exclusion de banques russes du système Swift, messagerie sécurisée et rouage essentiel des transferts de fonds internationaux, a-t-il dit.
«A partir du moment où nos banques sont liées aux banques européennes pour la plupart, elles ne peuvent pas payer (les produits russes) comme elles le faisaient traditionnellement», a-t-il expliqué.
Le Sénégal, aux relations fortes avec les pays occidentaux, avait surpris le 2 mars en s’abstenant lors d’un vote de l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution exigeant « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine. » Le chef de l’État s’est défendu de se faire le « complice » d’une agression russe de l’Ukraine.
Le président Sall a redit que pour l’accès aux produits russes, l’Afrique est confrontée à la « difficulté générée par les sanctions sur le système de paiement Swift », utilisé pour le traitement des opérations bancaires internationales.
Selon lui, l’UA « n’accuse pas l’Europe d’avoir mis des sanctions sur les céréales, mais les sanctions sur le Swift et sur certains oligarques qui sont des producteurs de céréales et d’engrais font que les banques ne veulent pas travailler avec eux, et du coup, on a d’une part la guerre, et d’autre part les effets qui font qu’on a des difficultés d’approvisionnement ».
«Il nous faut simplement, avec nos partenaires européens, trouver un moyen de lever ces difficultés pour réguler le marché et assurer un approvisionnement en céréales mais surtout en fertilisants», a-t-il déclaré.
Le Sénégal, aux relations fortes avec les pays occidentaux, avait surpris le 2 mars en s’abstenant lors d’un vote de l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution exigeant « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». M. Sall s’est défendu de se faire le « complice » d’une agression russe de l’Ukraine. « Qu’est-ce qui ferait de moi un complice? D’avoir été en Russie ou d’avoir parlé » à M. Poutine?, a-t-il demandé. Il a réfuté un « alignement en faveur de la Russie ».
Vignikpo Akpéné