L’opposant ougandais Kizza Besigye, qui a commencé lundi 10 février 2025 une grève de la faim après des mois de détention dans son pays consécutifs à son enlèvement au Kenya, est dans un état de santé « critique », a alerté ce 13 février l’un de ses avocats.
Jadis médecin personnel du Président ougandais Yoweri K. Museveni, Kizza Besigye, 68 ans, est dans le collimateur du Gouvernement depuis son ralliement à l’opposition il y a 25 ans. Il s’est déjà présenté quatre fois à la présidentielle, sans succès. Enlevé en novembre 2024 lors d’un déplacement au Kenya, il encourt la peine capitale pour trahison devant une Cour martiale, une procédure qualifiée de « simulacre » par son épouse Winnie Byanyima, directrice de l’ONUSIDA, le programme des Nations Unies de lutte contre le VIH.
« Nous lui avons rendu visite hier (12 février) en prison mais son état de santé est préoccupant. Il est dans un état de santé critique et a besoin de soins médicaux urgents », a déclaré Erias Lukwago, appelant à ce que son client soit soigné en dehors de la prison. Le porte-parole des prisons ougandaises, Frank Baine, a refusé de commenter l’état de santé de l’opposant, tout en jugeant « alarmistes » les propos de la défense à ce sujet. Mercredi 12 février, Erias Lukwago avait déclaré que son client avait cessé lundi 10 février de s’alimenter parce qu’il « estime n’avoir plus d’autre option qu’une grève de la faim » pour dénoncer sa « détention illégale ».
Selon l’avocat, l’état de l’opposant, qui était déjà plus tôt cette semaine incapable de participer à certaines audiences, s’est dégradé. « Il est incapable de sortir de sa cellule. Sa tension artérielle a augmenté et il n’a pas été autorisé à consulter son médecin personnel », a-t-il dénoncé ce 13 février. « Les médecins de la prison n’ont pas l’équipement médical nécessaire (…) Nous demandons qu’il soit soigné à l’extérieur de la prison s’il veut survivre », a-t-il poursuivi.
M. Besigye est actuellement jugé devant une Cour martiale, notamment pour trahison. Lors de la reprise du procès début janvier 2025, l’un de ses avocats avait été condamné à neuf mois de prison. Fin janvier 2025, la Cour suprême du pays avait jugé inconstitutionnel le jugement de civils par des Tribunaux militaires mais M. Museveni avait contesté cette décision, évoquant un « instrument utile pour la stabilité ».
L’Armée avait de son côté annoncé qu’elle continuerait le procès de M. Besigye. L’ONU et plusieurs organisations de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude concernant la répression de l’opposition en Ouganda à l’approche de l’élection présidentielle, prévue en janvier 2026.

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