Le Liberia a officiellement légalisé la double nationalité, mettant fin à une interdiction de longue date que certains jugeaient hypocrite car contournée secrètement par des élites détenant la nationalité américaine.
Le projet de loi, promulgué vendredi dernier par le président George Weah et confirmé dimanche par l’AFP, a été adopté le mardi suivant à la Chambre des représentants et au Sénat. Le Libéria, plus ancienne république d’Afrique sub-saharienne fondée au XIXe siècle sous l’impulsion des Etats-Unis pour des esclaves noirs affranchis, compte une importante diaspora vivant en Amérique.
Quelque 100.000 personnes nées au Liberia ont vécu aux Etats-Unis de 2008 à 2012, selon les services américains de recensement. Selon la nouvelle loi, les citoyens ayant la double nationalité ne pourront pas exercer les fonctions de président, de ministre des Finances ou de gouverneur de la Banque centrale, ni occuper des postes de haut niveau dans la sécurité nationale ou l’application des lois.
« Si une personne souhaite participer (aux élections), elle doit renoncer à la citoyenneté de l’autre pays au moins un an avant de présenter sa candidature à la Commission électorale nationale », stipule la nouvelle loi. Le président George Weah avait déjà demandé la levée de cette interdiction lors d’un référendum en décembre 2020, mais seuls 51,5% des électeurs s’étaient prononcé en faveur, alors qu’une majorité des deux tiers était requise.
L’année dernière, une décision de la Cour suprême avait assoupli l’interdiction stricte du pays sur la double nationalité, qui remontait à 1973. Elle disait que les Libériens de nationalité étrangère ne seraient contraints de renoncer à leur passeport qu’après « une procédure légale ». Auparavant, la citoyenneté était automatiquement retirée aux titulaires d’un autre passeport.
Selon la loi sur la naturalisation, seules les personnes de couleur noire peuvent être citoyens libériens. Dans la nouvelle législation, toute personne de couleur noire peut désormais acquérir la citoyenneté libérienne par mariage, adoption ou si elle est née dans le pays ou de parents libériens.