Libération de deux soldats ivoiriens retenus depuis des mois au Faso: Ce que la facilitation togolaise y a opéré 

Afriquinfos Editeur
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Deux gendarmes ivoiriens détenus au Burkina Faso depuis plus d’un an recouvrent la liberté

Abidjan (© 2024 Afriquinfos)-  Une médiation de la République togolaise a conduit à la libération de deux gendarmes ivoiriens ( leMDC Konan Yao Toussaint et Kessé Mah Stéphane, appartenant à l’escadron de gendarmerie de Bouna, une localité située dans le Nord-Est de la Côte d’Ivoire). Ces derniers ont été arrêtés en septembre 2023 alors qu’ils venaient de franchir par mégarde la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Les gendarmes ont été remis aux autorités d’Abidjan le 29 novembre dernier, a annoncé ce jeudi 5 décembre le porte-parole du gouvernement ivoirien. « Le Conseil a été informé de la remise à la Côte d’Ivoire de nos deux gendarmes arrêtés au Burkina Faso, le 19 septembre 2023, alors qu’ils étaient à la poursuite d’orpailleurs clandestins », a annoncé ce jeudi 5 décembre 2024, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly, à l’issue d’un Conseil des ministres.

Cette remise, dira-t-il, « a été faite le 29 novembre dernier grâce à une médiation de la République togolaise. » A cet effet, le président ivoirien, Alassane Ouattara, « a adressé ses vifs remerciements au président Faure Gnassingbé, dont l’implication personnelle a permis le dénouement heureux de cette situation ».

Après très exactement un an, deux mois et dix jours de captivité au Burkina Faso, les deux gendarmes ivoiriens  « rejoindront leurs familles respectives après avoir effectué le circuit militaire comme à l’accoutumée dans ce genre de situation », a fait savoir le porte-parole du gouvernement ivoirien, M. Amadou Coulibaly.

Les deux hommes avaient été arrêtés en septembre 2023 après avoir pénétré par inadvertance en territoire burkinabè alors qu’ils traquaient des orpailleurs clandestins près de la frontière entre les deux pays. Alors qu’ils avaient été emmenés à Ouagadougou juste après leur interpellation, aucune accusation formelle à leur encontre n’avait ensuite été rendue publique par les autorités de la transition.

Selon une source gouvernementale ivoirienne, leur libération s’est accompagnée d’un échange. Un supplétif des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et un soldat burkinabè arrêtés en Côte d’Ivoire au mois de mars dernier ont également été rapatriés dans leur pays, rapporte Rfi.

Selon le professeur Arthur Banga, spécialiste des questions de défense, ce dénouement pourrait déboucher sur un apaisement des relations – souvent tendues – entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Cette libération est « un signe d’ouverture qui montre qu’il existe quand même une certaine communication entre eux, que des canaux peuvent déboucher sur des résultats positifs, explique-t-il. Cela étant, il faut bien le reconnaître : les relations entre les deux pays sont dans une phase difficile où les suspicions demeurent très fortes. » Ces derniers mois, la junte militaire burkinabè a par exemple accusé à plusieurs reprises son voisin ivoirien de tentatives de déstabilisation.

La Côte d’Ivoire et le Burkina, qui partagent une frontière poreuse de quelque 600 kilomètres, entretiennent des relations tendues depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine putschiste Ibrahim Traoré en septembre 2022. Avec le Mali et le Niger, également dirigés par des militaires, le Burkina a notamment tourné le dos à la France pour former une confédération, l’Alliance des Etats du Sahel (AES), alors qu’Abidjan continue d’entretenir de bonnes relations avec Paris et a systématiquement condamné les coups d’Etat au Sahel.

Ces derniers mois, le capitaine Traoré a plusieurs fois accusé la Côte d’Ivoire de vouloir déstabiliser le Burkina Faso, ce qu’Abidjan nie. La Côte d’Ivoire accueille sur son territoire plus de 66.000 réfugiés venant du Burkina. Une partie d’entre eux sont hébergés dans des centres d’accueil construits par le gouvernement ivoirien, d’autres chez des habitants. En 2022, la Côte d’Ivoire avait connu une brouille diplomatique avec un autre de ses voisins, le Mali. Quarante-six soldats ivoiriens avaient été arrêtés à Bamako, accusés par le gouvernement malien d’être des « mercenaires ». Ils avaient été libérés en janvier 2023 après six mois de négociations.

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