L’Etat malien à la chasse de 305 millions d’euros/an via l’instauration de nouvelles taxes!

Afriquinfos Editeur
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Abdoulaye Maïga, Ministre d'Etat, Ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, ex Premier ministre ad intérim au Mali.

De nouvelles taxes instaurées par la junte au pouvoir au Mali sur des produits et services de la vie courante ont soulevé mardi 11 février 2025 un vent de critiques dans ce pays d’Afrique de l’Ouest miné par des difficultés budgétaires depuis plusieurs années.

Le Gouvernement malien a annoncé lundi 10 février avoir adopté une série d’ordonnances fiscales qui devraient, selon lui, permettre à l’Etat de récupérer près de 200 milliards de FCFA (305 millions d’euros) chaque année. Il a ainsi décidé d’augmenter les taxes sur les boissons alcoolisés, les entreprises de télécommunications, les services commerciaux de communications téléphoniques et certains transferts d’argent sur mobile.

Un commerçant passe un appel dans un marché de Bamako, au Mali, le 1er février 2022.

Ces nouvelles recettes doivent notamment servir à financer des « projets d’infrastructures de base et de développement social », affirme le Gouvernement. Une partie sera investie dans le secteur énergétique pour « réduire les coupures d’électricité intempestives », a justifié ce 10 février le Premier ministre, le général Abdoulaye Maïga, lors d’une conférence de presse.

Ces coupures, importantes, minent le quotidien des Maliens jusque dans la capitale Bamako depuis de longues semaines. Le général Maïga a justifié ces hausses de taxes par les difficultés de son pays à obtenir des prêts auprès des certaines banques, mais également par « la volonté de la junte d’asseoir une véritable souveraineté ». Mardi, 11 février, des milliers de messages dénonçant ces hausses de taxes ont inondé les réseaux sociaux.

« Au lieu de faire peser ces charges sur la population, j’aurais préféré que les autorités montrent l’exemple en étant les premières à se sacrifier », a critiqué l’ancien Premier ministre Moussa Mara Yelema dans un panel live sur le réseau social TikTok. « Cette situation peut être perçue comme inadmissible par la population », a-t-il poursuivi.

« On taxe la richesse du peuple et non sa misère. Taxez votre richesse d’abord. L’exemple doit venir d’en haut », a écrit sur Facebook pour sa part le rappeur Ismaila Doucoure, plus connu sous le nom de Master Soumy. Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise économique et sécuritaire nourrie notamment par des violences jihadistes et de groupes criminels communautaires.

Un homme fait ses courses dans un marché de Bamako, au Mali, le 27 mai 2021.

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