Porto-Novo (© 2024 Afriquinfos)- La déclaration du capitaine Ibrahim Traoré affirmant avec certitude que des bases militaires présentes sur le territoire béninois, servaient de base arrière à des actions terroristes contre les pays du Sahel, avait suscité beaucoup de remous. C’est le même motif qu’évoque le pouvoir de Niamey pour maintenir ses frontières fermées avec son voisin du Sud. Ces accusations ont été aussitôt rejetées par l’exécutif béninois à travers son Porte-parole. C’est au tour, de l’état-major des Armées du Bénin de donner des éclaircissements sur ce sujet brûlant et dérangeant.
C’est le Chef Bureau Information et Relations Publiques de l’état-major général, porte-parole des forces armées béninoises, le Lieutenant-Colonel, Vincent F. Honfoga qui s’y est collé. Au cours d’un entretien avec un média local, il est revenu sur la polémique sur la présence des bases militaires françaises sur le sol béninois et les accusations des autorités burkinabè et nigériennes sur des attaques fomentées depuis ces endroits pour déstabiliser leurs régimes.
Celui qui est par ailleurs, Chef des opérations aériennes dans la cadre de la lutte contre le terrorisme, s’est dit dans un premier temps, « amusé par ces propos venant d’un militaire qui a priori, connaît la définition d’une base militaire » parlant des allégations portées par le capitaine Ibrahim Traoré. Et d’expliquer que le « Bénin n’a pas vocation à avoir une base militaire étrangère sur son sol, et jusqu’à ce jour, le Bénin n’a pas de base militaire étrangère sur son sol, et nous n’ambitionnons pas d’en avoir. Il n’est donc pas question qu’on puisse dire que nous abritons des bases militaires étrangères » martèle l’officier.
Sur la présence de militaire étrangers sur certaines des bases au Bénin, le lieutenant-colonel Vincent F. Honfoga fait savoir : « nous tissons des liens de partenariat qui font que nous avons des accords de coopération. Ces accords nous permettent d’avoir du personnel, des instructeurs pour pouvoir assurer ponctuellement la formation de nos hommes. Nous sommes une armée en pleine redynamisation et il n’y a pas de guerre qui puisse se faire en autarcie. Nous avons besoin de densifier nos capacités, nous avons besoin d’aguerrir nos personnels, parce ce qu’on est face à la menace terroriste. Et quand on se met dans cette posture, c’est évident que nous avons besoin de partenariats de tous types : des partenariats américains, français, belges, russes qui nous permettent de former une partie de nos personnels. Pensez-vous par exemple quand une armée veuille former une centaine d’éléments des forces spéciales, est-il utile d’envoyer ces 100 hommes vers le pays du partenaire ou de demander au partenaire de nous envoyer une demi-dizaine d’instructeurs aguerris pour venir administrer la formation ? ».
Et de poursuivre: «Ces formations que nous appelons des détachements d’instructions opérationnelles durent deux à trois semaines, et après, ceux qui sont venus comme instructeurs, repartent chez eux. C’est ce qui fait que la population voit de temps en temps, ces partenaires, cela ne veut pas dire que nous leur dressons le tapis rouge ou que nous leur laissons une portion de notre territoire pour qu’ils puissent s’installer de manière durable, au point de faire de ces espaces des bases à leur profit. Non ! », insiste le lieutenant-colonel Vincent Honfoga.
Le porte-parole des forces armées béninoises, met d’ailleurs en doute les preuves que dit détenir le président de la transition burkinabè sur l’existence de ces bases : « celui qui dit détenir des preuves de l’existence d’une base militaire, que celui-là, les rendre publiques. Qu’il donne des informations de manière moins précises, (…) est-ce que vous pensez que c’est assez crédible pour qu’on puisse prendre cela en compte ? » se demande-t-il avant de citer les bases militaires sises sur le territoire béninois : « à Kandi nous avons un camp militaire qui est là depuis des décennies, à Natitingou, nous avons un camp militaire qui est aussi là depuis des décennies, mais depuis que nous avons commencé à avoir la menace terroriste sur notre territoire, le Chef de l’État a pris l’option de construire des bases opérationnelles avancées notamment une à Bakomaka qui est le dernier village de la pointe nord avant la frontière du Niger.
Ce village se situe à 100 kms à vol d’oiseau de Kandi car nous n’allons pas rester tapis à Kandi pour combattre l’ennemi qui fait des incursions sur notre territoire. C’est justement l’une de ces bases avancées qui a été construites à Porga. Le Bénin n’a donc pas vocation à laisser des étrangers venir à Porga entrainer des terroristes qui vont aller attaquer un pays voisin, qui plus est le Burkina Faso qui est notre voisin immédiat avec des populations sœurs aux nôtres».
L’armée béninoise dément aussi les allégations du Capitaine Ibrahim Traoré sur l’existence de pistes qui ont été aménagées pour accueillir des aéronefs étrangers. Pour le lieutenant-colonel Vincent Honfoga, ces pistes ne sont pas nouvelles et ont toujours existé. « la piste de Porga n’est pas nouvelle pour qu’on puisse la brandir aujourd’hui comme aménagée pour accueillir des aéronefs étrangers. C’est archi-faux. La piste de Porga a toujours existé au profit du tourisme dans la Pendjari. Nous avons toujours atterri à Porga et nous continuerons d’atterrir à Porga », insiste le Chef des opérations aériennes de l’armée béninoise.
Pour l’officier, cette polémique a assez duré. «Depuis quand les flux migratoires de terroristes vont des pays de la côte vers les pays du Sahel ? c’est une question que tout le monde doit se poser. C’est absurde. C’est de notoriété publique la déliquescence de la Lybie a favorisé le terrorisme dans le Sahel. Ce n’est pas du Bénin que les terroristes vont quitter pour aller attaquer un autre pays. C’est une belle vacuité ce qui a été dit sur le Bénin », déclare le lieutenant-colonel Vincent Honfoga. Il déplore également que depuis l’avènement de l’AES, les opérations conjointes entre les armées de ces pays et celle du Bénin, se sont arrêtées. Ce qui constitue selon, « une faiblesse dans la lutte contre le terrorisme ».
Le porte-parole de l’Armée béninoise souhaite que leurs partenaires du Niger et du Burkina Faso notamment puissent revenir à de meilleurs sentiments, afin qu’ils puissent renouer avec les opérations conjointes ainsi que les échanges de renseignements pour sécuriser leurs frontières.
Boniface T.