Invitée pour un spectacle vendredi soir du New York Forum Africa, une rencontre de réflexion économique tenue jusqu'à dimanche dans la capitale gabonaise, la chanteuse s'est en effet réjouie du "nombre incroyable d'enfants en Afrique qui ont commencé l'école primaire" et la réduction de l'inégalité des taux de scolarisation entre les garçons et les filles.
Question : En tant qu'ambassadrice du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, comment évaluez-vous l'impact de votre engagement en faveur de l'éduction des enfants et particulièrement des jeunes filles en Afrique ?
Réponse : L'impact, c'est sur le long terme. Quand on parle de l'éducation des enfants, ce n'est pas en un an ou deux ans qu'on voit les résultats. Quand on a commencé la campagne dans le défi des Objectifs du millénaire (pour le développement, ndlr), le but dans un premier temps, c'était de mettre les enfants au primaire et il y a eu un nombre incroyable d'enfants en Afrique qui ont commencé l'école primaire. L'inégalité de chiffres entre les garçons et les filles se réduit, les choses avancent petit à petit et on se rend compte que l'éducation, c'est le seul moteur, moi je vois avec mes yeux, qui peut vraiment aider à changer la face de l’Afrique.
Q : Combien de pays avez-vous visité dans le cadre de cet engagement ?
R : Dites donc, si on commençait à compter, je ne sors plus de là ! J'ai commencé en Tanzanie, je sais. J'ai été en Sierra Leone. J'étais en Ethiopie, j'étais en Ouganda, j'ai été au Kenya, au Malawi, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, au Bénin chez moi, au Sénégal. Je ne me rappelle plus ; l'Afrique c'est beaucoup de pays.
Q : Dans quel cadre peut-on situer votre participation au New York Forum Africa ?
R : Moi en tant qu'artiste africaine, pour le développement de mon continent, surtout. Les rencontres comme ça, c'est important de les faire. Mais il faut que nous les Africains nous y participions réellement, qu'on ne s'arrête pas aux paroles et après qu'on a décidé d'un cahier de charges, que ce cahier de charges se traduise en actes pour changer. Parce qu'on ne peut pas toujours tendre la main aux autres. Nous les Africains, les solutions doivent venir de nous, avec des partenaires qui nous aident à accomplir les tâches que nous avons à accomplir.
Q : Au-delà des discours officiels, avez-vous le sentiment que la solution de la femme évolue de manière suffisamment satisfaisante ?
R : La situation de la femme évolue, mais pas assez vite pour moi. Et ce n'est pas seulement e Afrique, c'est partout dans le monde. On se rend compte que les violences faites aux femmes sont en nombre croissant et surtout dans cette crise économique où il y a beaucoup de violences domestiques, pas seulement, comme je le disais en Afrique mais en Europe, les pays développés, en Amérique latine. Moi j'étais au Mexique en octobre, où j'ai visité un centre dans lequel l'UNICEF participe qui est un centre où il y a le procureur de la République, des assistantes sociales et des psychologues pour les jeunes filles et femmes battues et violées. C'est un exemple que je préconise à l'UNICEF qu'on développe un peu partout, parce que la victime ne raconte son histoire qu'une seule fois. La justice est là sur le plan juridique, il y a la prise en charge psychologique, médicale et tout le travail qu'il faut pour que la personne s'en sorte vraiment. Tout est dans le même endroit. Je crois que c'est un progrès si on peut arriver à le faire. Si la situation de la femme dans le monde n'évolue pas, la situation de l'homme n'évoluera pas non plus. C'est aussi simple que ça.
Q : Quel est la place que le vaudou dont on parle beaucoup occupe dans votre vie ?
R : Rien. Cela fait partie de ma culture, j'ai grandi dans un pays où le vaudou de pratique. Mais la religion vaudou, les gens fantasment par rapport à ça. Les gens pensent toujours du mal de la religion vaudou. Et quand on voit la parallèle entre la mythologique grecque et les dieux du vaudou, c'est la même chose. Chaque dieu grec, on le retrouve dans la religion vaudou. Nous Africains, on est toujours là en train de diaboliser la religion vaudou, parce que le colonisateur l'a diabolisé. On nous a imposé d'autres religions qui ne sont pas nos religions. On nous dit que ce Dieu-là est un Dieu de miséricorde et de pardon. Avec ce Dieu, on a la Bible d'un côté, l'arme de l'autre côté. La religion catholique a tellement tué de gens, il y a eu l'inquisition.