N’Djamena (© 2019 Afriquinfos)- Un état d’urgence pour les trois prochains mois a été déclaré dans les deux provinces du Sila et du Ouaddaï situées dans l’est du Tchad suite à des tensions entre cultivateurs et nomades qui ont abouti à des violences causant la mort d’une cinquantaine de personnes.
Cette décision a été prise par le chef de l’État, afin de calmer les esprits. Le président tchadien Idriss Déby a déclaré dimanche l’état d’urgence dans deux provinces de l’est du pays et réclamé le désarmement des civils après de récents affrontements entre communautés qui ont fait des dizaines de morts.
Les deux provinces se situent à la frontière avec le Soudan et les conflits entre cultivateurs sédentaires et éleveurs nomades sont fréquents dans cette zone de transhumance.
« S’il y a encore des conflits entre Arabes et Ouaddaïens, […] vous en tuez dix de chaque côté afin de sauver la majorité. Vous avez l’autorisation », a lancé le président Déby aux autorités locales lors d’un déplacement dimanche dans le Sila, où le déploiement de « forces militaires qui vont assurer la sécurité de la population dans la zone » a été annoncé.
« Dès que je quitte la province de Sila, il faut désarmer tous les civils de la zone qui ont des armes entre les mains », a-t-il ordonné.
Outre la saisie des armes et la présence de forces militaires, le président tchadien a annoncé l’interdiction de circuler à moto dans les deux régions, ainsi que la suspension des chefs des deux cantons à l’origine des affrontements.
Les violences avaient éclaté après la découverte des corps de deux jeunes éleveurs dans des villages.« C’est une guerre totale que nous devons engager contre ceux qui portent des armes et sont à l’origine des morts d’hommes », avait averti le président Déby le 9 août lors d’une conférence de presse.
Le président tchadien a plus particulièrement incriminé l’afflux d’armes venues des pays frontaliers du Tchad en proie à de graves conflits comme la Libye, la Centrafrique ou le Soudan. « La cause principale de ce conflit intercommunautaire est liée au désordre qui dégénère au Soudan », a-t-il insisté dimanche.
Outre le conflit du Darfour, dans l’ouest, un mouvement de contestation a mené au Soudan à la chute du président Omar el-Béchir et vient d’aboutir samedi, après huit mois de troubles, à un accord entre militaires et opposants.
Dans l’est du Tchad, la multiplication des tensions s’explique également par la sécheresse et la pression démographique.
Des changements structurels auxquels sont venus se greffer des problèmes ethniques : les troupeaux appartiennent en grande majorité aux Zaghawa, l’ethnie du président Déby, selon les agriculteurs autochtones qui dénoncent l’impunité dont les éleveurs bénéficient lorsqu’un différend éclate.
Ces situations conflictuelles entre éleveurs et agriculteurs se retrouvent aussi dans plusieurs autres pays africains, notamment au Nigeria ou en Centrafrique.
V.A.