Togo: L’opposition extraparlementaire remet une couche et ratisse large autour de la proposition de loi portant nouvelle révision constitutionnelle

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2024 Afriquinfos)- Au Togo, la récente proposition de révision constitutionnelle provoque moult indignations au sein de l’Opposition. L’Alliance nationale pour le changement (ANC) qualifie ce projet de révision de la Constitution d’«initiative perfide».

Le parti Forces Démocratiques pour la République (FDR) a réagi lundi à son tour au sujet et dénonce un braquage constitutionnel. Il appelle le peuple togolais à se mobiliser pour faire échec à l’initiative. C’est un fait. L’assemblée nationale togolaise a été saisie par un groupe de députés d’une proposition de loi de révision constitutionnelle. Le texte s’intitule «Projet de Constitution de la République Togolaise». Le texte en cours d’étude viserait selon certaines interprétations à bannir la loi fondamentale de 1992 qui consacre le régime semi-présidentiel. L’entreprise tente d’adopter un régime parlementaire.

 ‘’A l’analyse de l’exposé des motifs et de la nouvelle proposition de loi constitutionnelle, on se rend aisément compte que les auteurs de cette folle, sordide, cruelle et vile manœuvre sont plutôt guidés par le souci de garantir un pouvoir à vie à une seule famille, mieux à un seul individu, ceci au détriment des aspirations profondes du peuple togolais et de la stabilité du pays’’, ont alerté Me Dodji Apevon et ses collaborateurs.

Pour le parti de Me Apevon, il s’agit là d’un énième coup d’État constitutionnel en préparation par le régime «monarchique qui a pris en otage le destin de tout un pays depuis bientôt 60 ans». Le parti FDR trouve inadmissible une forfaiture des députés « illégitimes », qui selon lui sont au service d’un pouvoir aux abois, susceptible de conduire le Togo vers des lendemains incertains. On signale que le mandat des députés actuels est expiré depuis le 31 décembre 2023 et qu’un processus électoral est en cours pour la mise en place d’une nouvelle législature.

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’En tout état de cause, l’adoption d’une nouvelle constitution qui engage l’avenir de notre pays est une question tellement grave qui ne peut être laissée à la merci de quelques individus, fussent-ils des députés et de surcroit des députés qui ont fini leur mandat’’, a indiqué Me Apevon. L’opposant condamne vigoureusement un nouveau coup de force du régime RPT/UNIR et l’invite à y mettre immédiatement fin pour ne pas enfoncer le Togo dans la sempiternelle crise politique qu’il traverse depuis trop longtemps.

’Que tu sois magistrat, avocat, huissier, notaire, enseignant, médecin, architecte, chef d’entreprise, commerçant, militaire, gendarme, policier, douanier, agriculteur, artisan, évêque, prêtre, pasteur, imam, journaliste, étudiant, élève, apprenti, prend conscience du désastre dans lequel le régime RPT/UNIR cherche à plonger notre pays, INDIGNE-TOI, INDIGNE-TOI, INDIGNE-TOI et sors de ta réserve et de ton indifférence. La Patrie a besoin de chacun de nous pour renaître. Ne reste donc plus en marge, lève-toi et fais ta part’’, exhorte le parti.

Le parti Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) n’est pas resté en marge des réactions sur la proposition de loi de changement de la constitution togolaise. Dans un communiqué rendu public le samedi 16 mars 2024, le parti du Pr Aimé Gogué, a condamné cette proposition et a exhorté « le Chef de l’État, en tant que garant de la constitution, à prendre position de manière franche et à tout mettre en œuvre pour bloquer cette initiative de trop ».

Le leader du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio, appelle à l’action pour mettre fin au coup d’Etat constitunionnel en cours au Togo. Une manoeuvre à travers laquelle, le régime togolais aura droit à une présidence à vie. L’acteur politique réagissant face à cette situation, estime que le peuple togolais doit s’unir pour “dégager les imposteurs”.

Le parti Santé du Peuple, par la voix de son président national, Dr Georges William-Kouessan, a pris position dans une lettre en date du 15 mars 2024 adressée au Président de la République, Faure Gnassingbé. Dans sa réaction, le parti Santé du Peuple dit avoir ‘’appris avec stupéfaction et indignation par les médias, que l’Assemblée Nationale actuelle, réunie ce 5 mars 2024, en une session ordinaire de l’année 2024, est en train d’examiner la proposition de loi de modification constitutionnelle déposée sur sa table il y a quelques semaines, par un groupe de députés’’. Le parti Santé du Peuple a rappelé aux députés de la 6e législature que la Constitution est une chose sacrée et qu’étant donné que leur mandat a pris fin depuis le 31 décembre 2023, ils n’ont plus habilités à procéder à aucune modification constitutionnelle.

Au Togo, une proposition de loi de révision constitutionnelle est examinée, ces jours-ci, par la commission des lois. La proposition a été déposée à l’Assemblée nationale par un groupe de députés, fin décembre. Le texte, soumis à la commission des lois, qui peut encore être amendé avant d’être présenté à l’Assemblée nationale, prévoit un changement de régime.

Si la proposition de révision constitutionnelle qui est sur la table était adoptée, le Togo passerait d’un régime présidentiel à un régime parlementaire sur le papier. Dans la pratique, le régime politique en vigueur au Togo confère un grand nombre de pouvoirs au Chef de l’Etat comme dans un régime présidentialiste. La proposition de révision constitutionnelle est pour le moment devant la Commission des lois du Parlement. Ses travaux doivent se poursuivre dans les prochains jours pour modifier le texte, avant que la version amendée ne soit soumise au vote des députés.

Vignikpo Akpéné