Dakar (© 2025 Afriquinfos)- Comme chaque année, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a publié ce 3 juin 2025, un rapport sur les dix crises de déplacement de population les plus négligées dans le monde. Huit des dix pays impactés se trouvent en Afrique.
En Afrique, de nombreuses crises majeures sont «négligées». Les crises au Cameroun et au Burkina Faso sont ‘’les plus négligées’’ selon la dernière liste du Conseil norvégien pour les réfugiés, publiée mardi 3 juin 2025.
La dernière liste des « crises les plus négligées » du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), publiée mardi 3 juin, a placé le Cameroun et le Burkina Faso aux deux premières positions. Plus globalement, de nombreux pays d’Afrique souffrent d’une réduction du financement humanitaire à travers le monde.
Chaque année, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publie la liste des dix crises de déplacement de populations les plus « négligées », fondée sur trois critères : le manque de financements humanitaires, de couverture médiatique et de volonté politique de la communauté internationale.
Le Cameroun classé comme la pire des crises négligées pour la 3ème fois
‘’On a utilisé 34 crises au total et pour chacune d’entre elles, on a regardé de près le niveau de couverture financière, donc plus concrètement, le niveau de financement des plans de réponse humanitaire. Ensuite, le niveau d’attention médiatique, donc à travers le nombre d’articles de presse mentionnant les pays et les crises de déplacement mentionnées. Et finalement, la volonté politique à travers le niveau d’engagement politique et l’attention de la communauté internationale à l’égard de ces différentes crises. Sur la base de ces différents critères, crises ont été étudiées et donc sont ressorties comme les crises négligées pour l’année 2024’’, a affirmé Anne Trehondart, directrice régionale des programmes du NRC
Alors cette année, c’est le Cameroun qui est classé comme la pire des crises négligées dans le monde, et ‘’ce n’est pas la première année, malheureusement, c’est la troisième fois en années que le Cameroun est classé comme la pire des crises négligées dans le monde. C’est dû au fait que d’abord, le Cameroun fait face à crises distinctes et prolongées dans régions du pays, qui sont l’extrême nord, la région de l’est et les régions du nord-ouest et du sud-ouest.
Et ensuite, le Cameroun fait figure de cas de négligence globale, c’est-à-dire qu’on note extrêmement peu d’actions diplomatiques pour aider à résoudre les différentes crises, très peu d’articles de presse faisant référence aux différentes situations de crise, et enfin un niveau de financement humanitaire extrêmement bas, puisque moins de pourcentage de la réponse humanitaire a été financée en 2024’’, a souligné la même source.
‘’Trois crises distinctes et prolongées frappent le Cameroun depuis plus d’une décennie : le long conflit avec des groupes armés dans le bassin du lac Tchad, la violence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (principalement peuplées par une minorité anglophone), et l’instabilité persistante qui déborde de la République centrafricaine’’, note l’Organisation humanitaire.
‘’En 2024, environ 3,4 millions de personnes avaient un besoin urgent d’assistance et de protection. Plus de 1,1 million étaient déplacées à l’intérieur du pays, tandis que près d’un demi-million de réfugiés et demandeurs d’asile cherchant la sécurité au Cameroun restaient bloqués dans une situation précaire’’, ajoute l’ONG.
Huit pays africains parmi les 10 crises les plus négligées
‘’La crise au Cameroun est un cas d’école en matière de négligence mondiale : peu couverte et sous-financée. En l’absence de signes d’un regain d’attention, de soutien ou d’engagement politique, les perspectives pour 2025 sont encore plus sombres’’, s’inquiète-t-elle.
Huit pays africains figurent parmi les dix crises les plus négligées : après le Cameroun viennent l’Éthiopie, le Mozambique, le Burkina Faso (au premier rang en 2023 et 2022), le Mali, l’Ouganda, l’Iran, la République démocratique du Congo, le Honduras et la Somalie.
Selon l’ONG, « moins de la moitié du financement humanitaire nécessaire a été fournie en 2024 », un trou qui représente d’après elle « environ 1%» des dépenses militaires mondiales en 2024’’.
‘’La solidarité internationale cède de plus en plus la place à des politiques introverties et nationalistes dans des pays donateurs qui étaient auparavant généreux », déplore le secrétaire général du NRC, Jan Egeland. « Partout en Europe, aux États-Unis et ailleurs, nous avons vu des donateurs tourner le dos aux populations au moment où elles avaient le plus besoin d’aide’’.
Depuis sa prise de fonction en janvier, le président Donald Trump a gelé l’aide étrangère américaine et démantelé l’USAID, l’agence américaine pour le développement, qui gérait un budget annuel de 42,8 milliards de dollars, représentant à lui seul 42% de l’aide humanitaire mondiale.
En proie à des difficultés budgétaires et face au besoin de relever leurs budgets militaires face à une Russie perçue comme menaçante, plusieurs pays européens ont aussi annoncé des coupes dans leur aide au développement.
V. A.
