Le CNSP imperturbable devant les menaces de la CEDEAO, Bamako et Ouaga prêtes pour l’intervention militaire

Afriquinfos Editeur
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Bamako (© 2023 Afriquinfos)- Le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, a assuré « rejeter en bloc » les sanctions mises en place par la Cédéao. Selon lui, elles sont « injustes et inhumaines » et visent à « paupériser » les Nigériens.

S’exprimant à la veille de la fête de l’indépendance du Niger, le chef de la junte a qualifié les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest d' »injustes et inhumaines« .

« Le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, au pouvoir) rejette en bloc ces sanctions et refuse de céder à toute menace et d’où qu’elles viennent« , a-t-il déclaré. « Nous refusons toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger« , a-t-il ajouté.

Selon lui, « ces sanctions sont cyniques et iniques« , visent à « humilier les FDS (Forces de défense et de sécurité), le Niger et son peuple » et à rendre « la situation intenable et le pays ingouvernable« . « Nulle part dans cette attitude méprisante et belliqueuse les dirigeants » ouest-africains « n’ont pris en compte la souveraineté de notre pays« , a-t-il dit.

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Les propos du général Abdourahamane Tiani, interviennent à 3 jours de l’ultimatum donné par la cedeao. Le bloc sous-régional a en effet ordonné un blocus économique du Niger, décidant la suspension « immédiate » de « toutes les transactions commerciales et financières » avec le Niger et menacé d’utiliser « la force » si le président Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet n’était pas rétabli dans un délai de sept jours.

Le soutien indéfectible de Bamako et de Ouagadougou

Mais plus surprenant, ce même mercredi 2 août, le général Salifou Modi, le deuxième homme fort du Niger, a effectué une visite à Bamako. Il a été reçu en audience par le président de la Transition au Mali, le Colonel Assimi Goïta. C’est le premier déplacement hors du pays effectué par un responsable de la junte militaire nigérienne.

A l’issue de la rencontre, le général Salifou Modi a indiqué qu’il était porteur d’un message au président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta de la part du chef de la junte le général Abdourahamane Tchiani.

Aussi, il a remercié les autorités maliennes ‘’pour leur soutien et leur accompagnement depuis la prise de pouvoir par le CNSP’’.

Il a également indiqué que cette visite s’inscrit dans un contexte régional complexe, nécessitant un niveau important de ‘’consultation politique pour la stabilité et la préservation des intérêts de nos populations’’.

Il en a aussi profité pour échanger sur ‘’les voies et moyens pour renforcer la coopération sécuritaire, au moment où certains pays envisagent d’intervenir militairement dans notre pays’’.

Lors de son sommet tenu dimanche dernier, la Cédéao a donné un délai d’une semaine à la junte nigérienne pour rétablir l’ordre constitutionnel, n’excluant pas une intervention militaire pour obtenir gain de cause. A l’approche de l’expiration de cet ultimatum, les chefs d’Etat-major de l’organisation régionale se sont réunis à Abuja, sans doute pour se pencher sur la mise en œuvre de cette option.

Dans la foulée des sanctions et menaces formulées par les Chefs d’Etat de la Cédéao dans une déclaration conjointe, Bamako et Ouaga ont indiqué qu’elles n’appliqueront pas cette mesure et aideraient Niamey en cas d’intervention militaire qui seraient selon eux considérée comme « une déclaration de guerre ». Mieux, ces deux pays dirigés également par des militaires, ont aussi menacé de se retirer de la Cédéao au cas où la menace d’intervention militaire était exécutée.

Le N°2 de la junte nigérienne était déjà à Bamako au mois de mars dernier où il avait été reçu par le président de la Transition malienne. C’est suite à cette visite qu’il a non seulement  été promu au rang de général de Corps d’Armée. Avant d’être remplacé à la tête de l’État-Major des Armées (CEMA) du Niger en avril dernier par le général de division Abdou Sidikou Issa. D’aucuns avaient interprété cette décision comme une sanction.

Le général Tiani a redit que c’était principalement en raison de la dégradation sécuritaire au Niger en proie à la violence jihadiste que les militaires avaient pris le pouvoir, affirmant: « c’est de la vie des Nigériens et du Niger qu’il est question« .

V.A.