Presque 20 entraîneurs en autant d’années pour le Cameroun au cours des deux dernières décennies. C’est le triste bilan des Lions camerounais, pourtant première équipe africaine à avoir disputé les quarts de finale d’une Coupe du monde. Le "renvoi" de Denis Lavagne et son remplacement par le Camerounais Jean-Paul Akono s’inscrit dans la logique d’arracher coûte que coûte une qualification pour la Can 2013. Une qualification pour en réalité sauver la face de cette discipline qui se meurt dans cet Etat d’Afrique centrale riche par ses énormes potentialités humaines dans tous les domaines. Relever ce pari est à la portée de la sélection camerounaise, au regard de la pléthore de talents qui la composent. Sauf que le football est un sport qui se joue et qui se gagne à onze, dans l’union de corps et d’esprit.
Or, en équipe nationale du Cameroun, on est loin pour le moment de fumer le calumet de la cohésion. D’autant plus que des sources bien informées justifient le limogeage de Lavagne par la volonté des autorités camerounaises de faire revenir Samuel Eto’o Fils en sélection. Ce dernier avait boudé le match perdu par ses compatriotes à la mi de ce mois au Cap-Vert en invoquant la désorganisation criarde à la Fecafoot (Fédération camerounaise de football). Si le joueur de l’Anzhi revenait sur sa position, cela signifierait qu’il y aurait de nouveau deux camps rivaux dans la tanière des Lions : un qui soutient Eto’o qui retrouvera à coup sûr son brassard de capitaine et un autre "instrumentalisé" par la Fecafoot et foncièrement anti-Eto’o. !
Difficile dans ces conditions d’entrevoir une préparation sereine de la phase retour du match décisif que doit livrer le Cameroun à domicile contre le Cap-Vert. A la place du beau jeu auquel on est en droit de voir produire les Camerounais, on devrait donc assister à une énième parodie de cohésion entre les Lions sur le terrain. Le temps d’une mi-temps, et les luttes de clan, d’ego et d’intérêts vont reprendre le dessus. Ce sont les Cap-Verdiens qui devraient se réjouir d’une telle donne ; des Lions divisés rapprochent à coup sûr ces insulaires d’Afrique de l’ouest d’une qualification pour la prochaine Can, d’autant plus qu’ils sont loin d’être eux-mêmes des cancres en matière de foot.
Ces derniers remue-ménage dans l’univers du football au pays de Roger Milla démontrent même aux plus optimistes que l’actuelle génération de footballeurs camerounais ne saurait remporter une compétition majeure en Afrique et à l’échelle internationale sans un minimum de grand coup de balai dans ce secteur. Les éclatantes victoires décrochées par cet Etat lors des Can 2000, 2002 ou en Tournoi olympique de foot n’étaient donc que des accidents sur un parcours fait d’étonnantes approximations managériales. Un cycle qui devrait se prolonger avec les incessantes immixtions du politique dans le foot sur la terre natale des Noah.
Afriquinfos